Cette espérance, nous l’avons comme une ancre solide et ferme pour l’âme ; elle pénètre au-delà du voile. Lettre aux Hébreux 6, verset 19*

L’horizon est cette limite qui sépare la terre du ciel, une limite qui dans la réalité n’existe pas. C’est notre regard qui est limité. Par nature, nous ne pouvons voir tout ce qui nous entoure en une seule fois. Il nous faut bouger pour cela, nous déplacer. Pourtant, souvent, nous sommes empêchés de changer de point de vue. Nous préférons la glaise à la légèreté, la certitude à la confiance.

Et si l’espérance était un horizon ? Non comme une limite de notre perception, mais comme la promesse d’un ailleurs à contempler, d’un autre paysage à parcourir.

Une tentation existe pourtant, celle de voir l’espérance comme une Fata Morgana, cette illusion rare qui se dessine dans l’horizon et qui nous ferait prendre des nuages pour des châteaux célestes. Une autre tentation serait de voir notre espérance comme une ancre fichée au fond de l’océan, qui nous maintiendrait en place pour ne pas nous laisser dériver. Mais l’espérance n’est ni un mirage, ni un poids à traîner. L’espérance est une ancre jetée au ciel, nous dit la lettre aux Hébreux, « une ancre solide et ferme pour l’âme ». Elle est un « espérer contre toute espérance » de l’apôtre Paul, elle est un « cependant » comme l’écrivait le théologien Raphaël Picon, trop tôt disparu. « Il y a des drames terribles, des existences brisées, en lambeaux, des injustices et des violences effroyables. Mais face à cela, il y aura toujours un prophète, un sage, un poète. Il y aura toujours le Christ pour nous dire que la vie ne se réduit pas à ses échecs. Il y aura toujours un ‘cependant’ pour nous raccrocher à la vie, nous donner envie d’y croire malgré tout, envie de scruter une nouveauté encore possible, de faire le pari de l’espérance. » *

L’espérance est une attente patiente, comme l’attente nécessaire du pécheur avant qu’il ne remonte ses filets pour découvrir le fruit de son travail. Comme l’attente de guérison qui devient promesse grâce à un geste d’amitié, à une parole priée. Comme l’attente d’un avenir plus serein, après une période troublée par tant de crises. Comme l’attente du retour du beau et du bien, malgré tout. Avec un regard toujours à porter au loin, vers l’horizon. Avec assurance et fidélité.

 

* Raphaël Picon (1968-2016) in Évangile et liberté, 2014