La méconnaissance religieuse fait du tort. La paix entre les peuples se nourrit en effet d’une exigence de savoir, d’analyse et de connaissance de l’autre, qui passe par un dialogue interculturel et interreligieux. Depuis peu, les historiens renouvellent totalement la vision de l’islam en étudiant ses origines et celles du Coran.

Une tradition de dialogue

Or l ’ histoire par venue jusqu’à nous est partielle, issue d’une interprétation moderne et très politique. À l’origine, l’islam est bien différent de ce qu’on en connaît. Pour s’en convaincre, il suffit de constater sa capacité à accompagner les progrès médicaux, scientifiques ou littéraires dans les premiers siècles de son développement, ou sa capacité de dialogue avec d’autres cultures en Extrême-Orient comme à l’Occident.

Un regard historique est actuellement porté sur les origines du Coran et de l’islam pour en redécouvrir les facettes. Le professeur Mohammad Ali Amir-Moezzi de l’École pratique des hautes études (EPHE) étudie ces approches contemporaines sur l’écriture et les fondements de la foi musulmane et s’intéresse tout spécialement au chiisme, initialement voie de sagesse par excellence.

L’exigence de l’étude

Les exemples ne manquent pas de cette ouverture au monde. L’illustration de l’affiche de ces conférences représente Ali, gendre du Prophète et fondateur du chiisme ; elle serait interdite aujourd’hui mais encore courante il y a quelques siècles. On découvre également des interprétations du Coran proches de nos exégèses historico-critiques, des sagesses spirituelles à la source d’une mystique du Guide, une exigence de l’étude du texte et du rapport de l’humain à la création. Si l’image de l’imam guide spirituel et théologien s’est peu à peu transformée en une figure de docteur et de maître politique dans certains pays, l’évolution en est assez récente.

Des enjeux importants

Le professeur Amir-Moezzi a rassemblé en 2019 l’état de ces recherches historiques effectuées à partir de traces textuelles, archéologiques ou philologiques dans un ouvrage en trois tomes, Le Coran des historiens. S’il a été tiré plus de 50 000 exemplaires d’une œuvre aussi volumineuse, c’est que ces traditions peu présentes en France sont encore très vivaces dans l’islam d’Orient. Et cette tradition de recherche rencontre une manière d ’étudier bien protestante comme l’atteste la participation à ces conférences de Jean-Daniel Dubois, qui fut directeur d’étude à l’EPHE et professeur à l’Institut de théologie protestante de Paris (IPT).

L’enjeu de ces partages est de taille. Car au seuil d’une année riche en débats dans la société française notamment à propos de l’islam, le dialogue interculturel et interreligieux revêt une importance particulière. Le monde protestant et le monde musulman peuvent travailler ensemble à cette paix religieuse souhaitée par tous.