Quoi de plus noble que participer au gouvernement, à l’élaboration des lois, à la défense de son pays, bref aux affaires de la cité, de la chose publique ? En démocratie, les dirigeants sont élus par le peuple, ce qui nous donne une grande responsabilité : nous avons ce que nous méritons, les responsables que nous avons choisis.

Grandeur et courage

Après le décès de Michel Rocard le 2 juillet dernier, nous avons assisté à une belle envolée sur le sens de l’État lors des hommages unanimes qui ont salué sa mémoire. À voir ce qui se passe en Angleterre, aux États-Unis ou en France, il y a pourtant de quoi être inquiet. La politique devrait être d’abord la recherche réaliste du bien commun avec un souci d’éthique sans compromis. Michel Rocard fait partie des ces – très rares – hommes politiques français qui a été animé toute sa vie par ce double objectif.

Que l’on soit d’accord ou non avec ses idées, force est de reconnaître son courage, son honnêteté intellectuelle qui le poussait à analyser la situation politique avec objectivité ; il recherchait lucidement les meilleures solutions pour faire avancer notre pays. Ironiquement, de nombreux journalistes remarquèrent pourtant que son éloge funèbre fut prononcé par ceux-là même qui l’avaient si souvent moqué et qui s’inspirent, toujours aujourd’hui, de principes opposés : calculs et magouilles, manque de courage, voire pratique du mensonge et de la lâcheté.

Mensonges et lâchetés

Nous sommes en plein dans les campagnes des primaires pour plusieurs grands partis politiques. Nous devons écouter les discours des prétendants correspondant à nos différentes sensibilités avec attention et plus encore, avec un maximum d’esprit critique. Pour s’en convaincre, il suffit de voir ce qui s’est passé en Grande-Bretagne au moment de l’affaire du Brexit. Les leaders du leave (quitter) ont axé leur campagne sur la peur de l’immigration et sur le thème « l’Europe nous coûte trop cher, il faut mettre cet argent dans notre système de santé plutôt qu’à Bruxelles ». Ce dernier argument a été bien entendu et les partisans du Brexit ont gagné. Le lendemain même des résultats, Nigel Farrage, un des leaders qui avait martelé cette promesse à l’infini, fut interrogé sur sa mise en œuvre. Avec un aplomb stupéfiant, il répondit je ne peux certainement pas m’engager là-dessus. Le psychodrame ne s’arrêta pas là, puisque l’autre leader du leave, Boris Johnson, renonça en bredouillant à se présenter au poste de premier ministre. Devant le peuple anglais incrédule, tous ces beaux parleurs se montraient incapables d’assumer les conséquences de leurs bons conseils. C’est finalement une fille de pasteur et ancienne ministre de la Justice, Theresa May, qui est devenue premier ministre.

Écoute et responsabilité

L’affligeant spectacle actuel doit nous inciter à analyser les promesses de nos politiques sous un angle plus critique. Méfions-nous de celui ou celle qui se borne à affirmer « aie confiance et crois en moi », cela rappelle trop la scène du Livre de la jungle où Moogli est hypnotisé par le serpent Kaa. Chaque candidat doit avoir un projet abouti et convaincre ses électeurs qu’il va l’appliquer, avec une forte préoccupation éthique. Il doit surtout tenir compte de la réalité économique (telle qu’elle est et non pas telle qu’il voudrait qu’elle soit), de la politique mondiale avec tous ses risques, dont la menace terroriste. Cela donne à chacun d’entre nous, électeurs, une grande responsabilité dans les semaines et les mois à venir.