Bible, histoire et prison

La prison est un motif bien présent dans la Bible, que l’on pense à Joseph emprisonné suite à la dénonciation calomnieuse de la femme de son maître, à Samson emprisonné par les Philistins, au roi Osée détenu par le roi d’Assyrie et aux nombreux prisonniers de guerre réduits en esclavage. Pensons encore au prophète Jérémie dans sa citerne, à Jean- Baptiste emprisonné par Hérode ou aux apôtres détenus par le sanhédrin ou les autorités romaines en raison de leur prédication de l’Évangile. Dans cette liste non exhaustive, la privation de liberté vise à écarter un individu considéré comme dangereux, de le réduire au silence ou en esclavage, voire de l’éliminer. Mais nulle part n’apparaît l’idée d’un emprisonnement qui aurait valeur de peine pour un temps défini par un juge et qui serait proportionnel au délit commis. Dans l’Antiquité, l’emprisonnement se terminait par un geste de grâce – par définition arbitraire – de l’autorité, par un jugement condamnant à un châtiment corporel ou à l’exécution du détenu, ou encore par sa mort en prison.  À une époque plus récente, d’autres motivations pour l’incarcération viennent s’ajouter à la compréhension antique de la prison. De la Tour de Constance aux déportations de masse du XXe siècle, des hommes et des femmes, des groupes entiers vont être enfermés en raison de leur foi, embastillés pour des raisons politiques, déportés à cause de leur confession, de leur origine ethnique ou encore de leur orientation sexuelle. Un fléau qui est malheureusement loin d’être éradiqué et contre lequel luttent sans relâche des associations comme Amnesty International ou l’Acat.

Repenser l’incarcération

Si la protection de la société d’individus considérés – à tort ou à raison – comme potentiellement dangereux est toujours un motif d’incarcération, depuis quelques siècles l’idée de la privation de liberté comme peine s’est développée. Il s’agit alors, par un emprisonnement dont la justice décide, d’une durée censée être proportionnelle à la gravité du crime ou du délit. Il s’agit de « faire payer » au coupable sa dette à l’égard de la société qu’il a offensée. Mais à la notion de privation de liberté s’ajoute souvent dans les esprits, et malheureusement dans la réalité, la pénibilité des conditions d’incarcération. Celles-ci sont souvent comprises par l’opinion publique comme une dimension légitime de la peine dans une logique proche de la vengeance. Quelle place reste-t-il alors pour les autres visées de la prison prévues, elles, par la loi, qui sont la réhabilitation, la réinsertion, la restauration de l’individu et du lien social ? Les trois tables rondes proposées seront à dominante successivement biblique, historique, puis contemporaine et elles seront ponctuées par la lecture de textes de prisonniers d’hier et d’aujourd’hui par un comédien. Il convient en effet de se rappeler que si nous débattons sur la détention de l’extérieur de celle-ci, d’autres en parlent de l’intérieur. Mais leur voix est malheureusement souvent étouffée, elle peine à franchir les murs de leur prison et ceux des aveuglements idéologiques et politiques qui caractérisent nombre de discours publics sur le sujet.

Ces tables rondes auront lieu les 23 février, 9 et 23 mars 2017 à 19h au temple de Montrouge. Toutes les infos et le programme complet sur : www.epudf-montrouge.fr www.latelierprotestant.fr

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