Autrefois pour faire la guerre, on disait : « n’ayez pas peur, nous vaincrons ! » Aujourd’hui, on nous dit : « prenez peur, restez chez vous, et nous gagnerons ! » Nos dirigeants eux-mêmes ont-ils peur ? Ou ne font-ils que l’entretenir, en surfant sur cette aubaine politique inespérée ? Les nationalistes ne se sont-ils pas empressés de réclamer la fermeture des frontières, car comme chacun sait le virus ne passe pas par une frontière hermétique ! Restez chez vous ! disent-ils en chœur.

A qui profite le crime ? Pourquoi nous faire peur avec cette pandémie ? En France, par exemple, ne serait-ce pas le moyen qu’a trouvé le politique pour faire sa grève, lui aussi ? Pour forcer la main, par ce coup d’arrêt de la production, à ses propres patrons, disons les décideurs financiers, représentés par les lobbyistes ? Le coup porté à Amazone fait-il partie d’une stratégie contre les Gafa, qui par ailleurs ne se sont jamais aussi bien portés … ? Pourquoi risquer aujourd’hui ce qu’on adorait hier, la croissance économique ? À moins que le président, en bon cambiste, ne soit en train de jouer à la baisse… Toujours est-il que c’est avant tout un bon moyen de reprendre en main la population, après cette longue période de contestation en tout genre, et de faire taire toute contestation, y compris celle de l’Opposition officielle. Car serait-il décent de parler d’autre chose que de l’épidémie, dans les media ?… Le seul bon espoir, c’est qu’à l’émotion suscitée par les gens, les familles en détresse, surtout avec la période de famine qui commence une fois tous les petits emplois détruits, succède une période de solidarité, une société qui se préoccupe des plus petits…

N’ayez pas peur

Non pas parce qu’il n’y a pas de raison d’avoir peur : le danger persiste toujours, l’homme reste fragile, sans cesse visé par la maladie et la mort. Mais parce que la peur ne sert à rien pour se prémunir de ce danger : on n’y échappe pas ! Heureusement, les statistiques rendent plutôt optimiste : seulement 20 % des gens sont atteints gravement. Donc 80 % en réchappent ou ne développent pas de formes graves de la maladie… Mais que valent les statistiques pour celle qui en meure bel et bien, pour celui qui perd un être proche ? Autour de moi, seuls les plus vieux ont succombé, mais les plus jeunes n’ont été que légèrement atteints…

« N’ayez pas peur », « soyez sans crainte » : ce slogan court tout au long de l’Évangile, dans la bouche de Jésus. Si vous m’avez suivi jusque-là, vous savez pourquoi : pour lui, Dieu aime ses créatures et a trouvé une solution au problème de la mort, c’est la résurrection, depuis le matin de Pâques. Si Jésus sauve les hommes, c’est avant tout en leur offrant une porte de sortie après la mort. Tout n’est donc pas perdu ! Et même si l’on souffre avant, ce qu’à Dieu ne plaise, il est bon de savoir que toute souffrance a une fin, qu’il n’y a plus de souffrance au-delà.

Mais le passage que je préfère, c’est lorsque Jésus interpelle ses disciples, au milieu d’une tempête qui leur fait très peur, eux, les marins expérimentés, sur leur propre lac, en leur disant : « Pourquoi avez-vous peur, hommes de peu de foi ? » Car il est là, il est avec eux, et à ce moment-là rien ne peut leur arriver ! Mais il reste cette peur tripale, irraisonnée, incontrôlée, devant les éléments déchaînés, derrière la catastrophe naturelle, devant laquelle, effectivement, l’homme se sent minable, tout petit et bien fragile… Peur par laquelle il se laisse happer et devient alors un jouet balloté à tous vents. Aujourd’hui encore, la peur au ventre, chacun se demande ce qui va arriver. Mais ce n’est pourtant pas le moment de baisser les bras ! Il faut encore ramer. En espérant que comme Jésus, ce jour-là, a demandé à la mer de se calmer, au vent de s’apaiser, nous ayons aussi, dans les jours à venir, non seulement une accalmie pour pouvoir enfin accoster et recommencer nos activités, mais la fin de cette tempête. Et rester alors apaisés.