La réunionite a été pendant des décennies un mal français, infligé à de nombreux travailleurs. En 2016, le Figaro estimait que les salariés français passaient l’équivalent de 24 jours par an en réunion. Las, le Covid lui a trouvé un remplaçant tout aussi envahissant : la réunion en visioconférence. Par Zoom, Teams, ou Whereby, on se retrouve désormais en ligne – à deux ou trois ou à cinquante – pour tous les formats possibles : point du matin, rapport d’étape, brain-storming, conférence ou séminaire. Il faut dire que, du fait de l’éloignement des collaborateurs – ou de la non-présence de toute une équipe simultanément sur un site, on fait une « conf call » pour tout et n’importe quoi. Les petits problèmes du quotidien qui se réglaient vite fait à la machine à café succèdent désormais aux grandes orientations du schéma directeur du Codir…

A force d’enchaîner les visioconférences, recroquevillés sur nos écrans, nous accumulons les signes de fatigue : tensions musculaires, fatigue oculaire, mais surtout perte d’attention. Privés de l’essentiel des signaux paraverbaux (regards, expressions, gestes…) les participants décrochent vite, quand ils n’ont pas l’impression d’être parfaitement inutiles – alors même qu’ils ruminent sur le travail qui reste à accomplir après la réunion.
Les visio sont de grosses sources de frustrations : on ne s’y exprime pas aussi spontanément qu’en « live », on perd vite le fil, et l’intérêt de l’échange. Certains préfèrent donc s’abstenir d’interagir. On est vite distrait, par un détail qui va réveiller notre concentration, mais nous fait perdre le fil du propos. Vous aussi, ça vous est arrivé de regarder comment était agencé l’intérieur de vos collègues, quand ils ne mettent pas de fond d’écran ?
Côté efficacité, certaines visioconférences laissent perplexes : ce participant qui a coupé son micro et sa camera est-il vraiment derrière son écran – et vraiment concerné ? Et, de temps à autres, il y a quelques moments d’anthologie digne d’une séance de spiritisme : « Michel es-tu là ? », « Si tu es là, envoie-nous signe… », « Ah, on a perdu Michel… ».

Alors, comment gérer ces nouvelles contraintes ?

  • La première question à se poser est celle de l’utilité de la réunion – ce qui valait déjà pour son équivalent « physique ». A-t-on vraiment besoin de se réunir à plusieurs – et autant ? Certains points ne peuvent-ils être réglés autrement, voire par téléphone ? Peut-on attendre de se revoir au bureau un autre jour de la semaine, même si c’est en plus petit comité ?
  • Evaluez l’utilité de votre participation. Si vous en avez la possibilité, privilégiez les visio où vous êtes réellement indispensable. Tentez de vous économiser sur celles qui sont de pure forme, « pour vous tenir au courant », en prétextant que vous avez du travail urgent à exécuter, mais que vous lirez attentivement le compte rendu pour faire un retour ultérieur.
  • Le casque ou les écouteurs en Bluetooth sont de bons alliés. Ils permettent de rester concentré sur la voix, donc sur l’essentiel. Et, si on n’est pas l’animateur de la visio, rien n’empêche de s’éloigner un peu de l’ordinateur, tout en écoutant.
  • Lorsque l’on reste durant une longue période assis devant un ordinateur, il est important de se lever régulièrement. 5 minutes une fois par heure est un minimum. Faites-le peut-être au début de la réunion, le temps que tout le monde se connecte. Levez-vous systématiquement lorsque vous répondez au téléphone. Marchez un peu (même dans votre salon) et réinstallez-vous à votre poste de travail. En fin de journée, je vous conseille la technique du polichinelle (marrante, mais redoutablement efficace – à découvrir en vidéo ici).
  • Pensez également à vous étirer de temps à autres. Entrecroisez vos doigts pour étirer vos mains et vos bras au-dessus de votre tête, comme si vous vouliez soulever le plafond. Allongez les jambes devant vous en poussant dans vos talons pour étirer la chaine musculaire postérieure des jambes.
  • Votre micro est coupé et vous êtes plutôt en mode « auditeur » ? Bâillez, soupirez, pour évacuer la fatigue, relâcher la pression et détendre votre thorax comme votre diaphragme, LE muscle de la respiration.
  • Pensez à reposer vos yeux. Focalisés pendant des heures à quelques dizaines de centimètres, le muscle orbiculaire qui entoure le globe oculaire fatigue vite. De temps à autre, regardez par la fenêtre, en fixant un point au loin pour changer d’accommodation. Vous pouvez aussi tenter le palming, pour récupérer en acuité et en attention (cette courte vidéo vous l’explique).
  • Faites aussi des rotations de la tête (vidéo coupée, bien évidemment) : tournez la tête lentement de gauche à droite, comme pour faire un « non », puis de haut en bas, comme pour faire un « oui ». Faites, en douceur, des rotations de la tête d’avant en arrière, dans le sens horaire, puis en sens contraire.
  • Hydratez-vous. Buvez de l’eau régulièrement. Si vous le faites en conscience, vous ramenez aussi votre attention « ici et maintenant ».
  • Vous avez perdu le fil de l’échange et vous voulez « raccrocher » votre attention ? Pincez-vous les lobes d’oreille à plusieurs reprises, ou passez vos mains dans vos cheveux, doigts écartés et d’avant en arrière, comme pour vous coiffer, et en « griffant » légèrement le cuir chevelu. Picotements et réveil garantis !

Vivement le retour au bureau, que l’on puisse reprendre les réunions en présentiel, avec toute la richesse de leur contenu ! Elles finissent par nous manquer.