C’est d’abord un triste constat. La population française n’a jamais été aussi ouvertement divisée. Entre peur de l’avenir et sentiment d’abandon, une catastrophe est en train de se nouer, comme nous le disions déjà en 2017, autour de la tentation du discours nationaliste et xénophobe de l’extrême droite. Le désir de sanction contre le gouvernement sortant, et sa traduction par l’abstention, pourrait faire basculer la République dans une aventure néfaste et chaotique.
Devant ce constat, quelles sont nos convictions ?
Nous croyons que le Christ nous invite à construire la fraternité au-delà des colères, à nous engager auprès des plus défavorisés, à partager plus équitablement les richesses et les ressources, à respecter les différents choix de vie, à accueillir les étrangers, à protéger la Création. Nous croyons que seule la parole échangée, le débat dans l’écoute respectueuse de chacune et chacun, peut contribuer à bâtir une société avec la justice et la paix comme fondement.
Nous croyons que chacune et chacun est libre et responsable devant Dieu et devant ses frères et sœurs, particulièrement les plus faibles, et que nos choix se font en conscience. Nous croyons que l’identité donnée par Dieu fonde notre dignité et fait de chacune et chacun de nous une personne digne d’être aimée. Cette identité est plus forte que le sentiment de déclassement ou de mépris.
Ces convictions s’incarnent dans notre histoire
Depuis la Réforme, le protestantisme français est en communion avec les Églises en Europe et au-delà. Par sa compréhension de l’Évangile, il a toujours défendu, avec d’autres, l’accueil et la protection des personnes déplacées.
Fidèles à cette histoire, nous faisons mémoire de toutes celles et ceux qui avant nous se sont levés au nom de l’Évangile pour résister avec d’autres aux menaces fascistes et totalitaires et qui ont su en discerner les réels dangers derrière des discours qui se veulent rassurants.
Aussi le Conseil national de l ’Église protestante unie de France appelle à protéger notre démocratie, fondée sur la Déclaration universelle des droits de l’Homme, et à faire barrage aux propositions du Rassemblement national, fondées sur l’exclusion, la mise en cause des libertés fondamentales (pensée, presse, manifestation, enseignement…) et en rupture totale avec les principes de base de la République.
Au lendemain de cette élection, la responsabilité des hommes et des femmes politiques sera considérable pour construire avec les citoyennes et citoyens de ce pays une alternative fraternelle et solidaire, dans le respect des libertés fondamentales. Le chantier social sera immense pour promouvoir liberté, égalité, fraternité, justice, accueil et écoute de l’autre, éducation, protection de la Création… tout un programme.
La fête de Pâques a redit l’amour de Dieu pour chacune et chacun, et la vie plus forte que la mort. Un chemin existe pour sortir de l’impasse. Confiance !