Ceci étant dit, étant donné la place écrasante qui est celle du catholicisme en France au XIXe siècle (au dernier recensement – 1872 – à avoir encore comporté une question sur leur appartenance religieuse, 98% des Français se disent catholiques romains), le protestantisme a peut-être été quelque peu influencé par des rites de sociabilité catholiques ou par de nouvelles pratiques comme le spiritisme.

Ce livre est un recueil de différents articles et communications que l’A. a écrits ou prononcées lors de colloques. Les cinq premiers chapitres sont des portraits d’hommes dont les écrits ont eu une influence à leur époque, même s’ils sont – sauf Victor Hugo, étudié là comme spirite – complètement oubliés aujourd’hui. Les trois suivants concernent des débats théologiques internes au catholicisme : l’effacement progressif de la référence à l’enfer et à la damnation éternelle pour mettre l’accent sur la miséricorde de Dieu et l’accueil des élus, le purgatoire étant comme un sas d’attente. Les prières pour les âmes du purgatoire deviennent essentielles, des troncs dans les églises sont prévus pour que soient dites des messes pour les « âmes délaissées »,  les défunts qui n’auraient pas de famille pour prier pour eux… Ces défunts deviennent ainsi des « intercesseurs à part entière »  pour les vivants, tels des anges gardiens. Ce passage « du dieu terrible au dieu d’amour » (Gérard Cholvy) est dans la ligne de la prédication de saint Alphonse de Liguori qui prônait une théologie morale plus souple que la morale tridentine. En ce qui concerne le purgatoire, les évolutions se sont poursuivies, ce qu’a montré l’A. dans un ouvrage précédent, « Le crépuscule du purgatoire », 2013.
Les quatre derniers chapitres de ce livre sous le titre « Tendances » s’intéressent aux formes de piété, au « tournant sulpicien des années 1850 », à la religion du deuil, à l’intérêt pour le spiritisme et à la belle figure de Frédéric Ozanam (dans son rapport à la mort et aux morts). Elles témoignent de l’inquiétude spirituelle du temps.

Quand on envisage ce qu’a été l’Église catholique au XIXe siècle, à son triomphalisme des années 1850 si dur pour le protestantisme, on pense à son refus du monde moderne né de la Révolution française, au Syllabus, aux deux proclamations qui traduisent ce raidissement dogmatique, l’Immaculée conception (1854) et l’infaillibilité pontificale (1870). C’est sous cet angle que l’histoire est généralement écrite. Or ce livre aborde l’histoire du catholicisme pendant cette cinquantaine d’années (1830-1880) sous un angle différent, ce qui est à la fois un manque et un plus.