La pétulante trentenaire, bien que fille d’un célèbre pasteur de la région et d’une mère psychanalyste, est très peu loquace sur ses origines. « En sociologie, on cherche à tendre vers la plus grande scientificité possible et à ne pas faire de ses convictions personnelles un critère de vérité », explique-t-elle. S’il lui importe de « bien séparer les choses », Rachel Sarg reconnaît cependant avoir toujours été intéressée par les questions liées à la religion et décrit volontiers le « milieu très ouvert au monde, sensible à la souffrance humaine, riche d’expériences et de rencontres » dans lequel elle a grandi. « Les convictions ne sont jamais neutres ; elles orientent l’intérêt que l’on peut avoir pour tel ou tel sujet », affirme l’universitaire qui, au départ, souhaitait devenir éducatrice. Pour cela, on lui a conseillé de « faire un Deug d’abord ». Elle s’est alors tournée vers la sociologie, matière qu’elle estimait « la plus en cohérence avec ce choix ». Après l’obtention de son master, la jeune femme a travaillé sur le terrain, notamment en prison. Mais très vite elle a été « déçue du travail social » qui, selon elle, « ne prenait pas assez de hauteur de vue ».

Allier réflexion et engagements concrets

Revenue à la Faculté pour assouvir son besoin de travail réflexif, Rachel Sarg a soutenu une thèse intitulée « Incertitudes et croyances : approche sociologique des phénomènes d’adhésions et de réadhésions religieuses en prison ». C’était le 13 novembre 2014 à l’Université Paris Diderot, tout juste un an avant les attentats perpétrés dans la capitale. Autant dire que ce contexte l’a encouragée à poursuivre ses recherches dans les domaines de la laïcité, du fait religieux, de la radicalisation, de la déviance, de la criminologie, des neurosciences et de la justice pénale. Outre ses nombreuses publications scientifiques et engagements universitaires, elle intervient comme formatrice auprès de professionnels de la chaîne pénale (policiers, magistrats, avocats, administration pénitentiaire) et est souvent sollicitée pour des conférences. En parallèle, Rachel Sarg s’est investie, d’abord comme salariée et depuis peu comme bénévole, au sein de l’association Viaduq 67. Dans cette structure d’aide aux victimes d’infractions pénales, elle assure, dans le cadre d’une cellule mise en place par la Préfecture du Bas-Rhin suite aux attentats, le suivi de mineurs radicalisés et de leurs parents. « Pour des raisons de sécurité, beaucoup de ces actions sont volontairement discrètes », insiste-elle.

Parmi ses projets, Rachel Sarg, également déléguée régionale de l’Association française de criminologie, se verrait bien développer un partenariat entre son unité de recherche (CERIS) et la Faculté de droit. Mais aussi « refaire une enquête de terrain et consolider mon travail des dernières années… ».