C’est un triste constat. D’après les statistiques du ministère de l’Intérieur, les services de police et de gendarmerie ont recensé une hausse de 10% des violences conjugales en 2020, relaie franceinfo le 22 novembre. Au total, 159.400 personnes ont été concernées. Et, parmi elles, 87% des victimes de violences conjugales sont des femmes, soit 139.200. Cette proportion est stable, indiquent les données du ministère qui ne comptabilise pas les homicides.
Comme en 2019, et dans leur grande majorité, les victimes ont subi des violences physiques volontaires ayant entraîné ou non une incapacité totale de travail, rappelle Le Parisien. De plus, 125 personnes ont été tuées par leur partenaire ou leur ex-conjoint en 2020, dont 102 femmes, selon l’étude citée par franceinfo. Le département de l’Aveyron est celui qui présente le plus faible nombre de victimes enregistrées, ajoute Le Parisien. Soit 2,7 femmes victimes âgées de 20 ans ou plus pour 1 000 habitantes de mêmes sexe et âge. En revanche, la Seine-Saint-Denis et la Guyane sont les deux départements de France les plus affectés par les violences conjugales.
Dispositif “plainte hors les murs”
“Les violences conjugales sont peu fréquemment suivies de plaintes, en particulier lorsqu’il s’agit d’agressions à caractère sexuel”, avance le ministère de l’Intérieur, cité par Le Parisien. Sur l’année 2020, seules 5 500 personnes (3% des victimes), dont une immense majorité des femmes, ont porté plainte pour viol ou agression sexuelle contre leur conjoint.
Annoncé en octobre dernier, le dispositif “plainte hors les murs” doit permettre aux victimes de violences conjugales de porter plainte chez un tiers, explique à 20 Minutes la ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa. Cette mesure sera expérimenté pour six mois dans les 13e et 14e arrondissements de la capitale et à Saint-Denis, “des lieux où l’on constate un nombre important de plaintes”.
“Certaines plaintes ne sont pas transmises”
Elle estime que nombre de femmes n’osent pas se rendre au commissariat ou en gendarmerie pour porter plainte pour des violences conjugales, sexistes ou sexuelles. “De peur d’être mal reçues, d’être vues ou reconnues”, indique Marlène Schiappa à 20 Minutes. “En plus de la plateforme arretonslesviolences.gouv.fr, et du service de SMS au 114, qui permettent aux femmes qui ne peuvent pas appeler la police de signaler des violences dont elles sont victimes, nous avons voulu aller plus loin avec le ministre de l’Intérieur et permettre de porter plainte sans se rendre dans un commissariat”, soutient la ministre.
“Que ce soit chez un ami, dans une mairie, dans les locaux d’une association, dans le cabinet d’un avocat, il sera possible d’avoir un policier ou un gendarme qui se déplace pour venir recueillir la plainte”, précise Marlène Schiappa à 20 Minutes, qui concède avoir “conscience que certaines plaintes ne sont pas transmises”. “Nous avons fait passer, avec le ministre de l’Intérieur, une circulaire pour rappeler aux agents que les refus de plaintes sont illégaux au regard du Code pénal”, défend-elle, “même si cela arrive encore”.