Ces dernières années, de multiples cas de violences sexuelles ont fait surface publiquement, suscitant des mouvements comme #MeToo, né en 2017 à la suite du scandale Harvey Weinstein. En 2021 sort le livre de Camille Kouchner, La Familia Grande, qui met en lumière l’inceste. Plus tard, l’Église catholique est ébranlée par le « rapport Sauvé « , qui révèle que 330 000 personnes ont été victimes d’abus sexuels depuis 1950. Bien que l’Église protestante semble relativement épargnée, la Fédération protestante de France (FPF) a pris des mesures pour lutter contre les violences au sein de sa propre communauté en mettant en place un service d’assistance téléphonique pour les victimes.

Valérie Duval-Poujol, théologienne protestante et vice-présidente de la FPF, explique qu’il existe depuis longtemps des victimes de diverses formes de violence, sexuelle, spirituelle et éducative, au sein du protestantisme. Si le protestantisme n’a pas fait l’objet d’enquêtes aussi approfondies que le catholicisme, des cas et des rapports émanant de personnes sur le terrain indiquent que le problème existe. Valérie Duval-Poujol souligne que de nombreuses victimes n’ont pas encore parlé en raison de la honte, qui doit changer pour que les victimes se sentent soutenues et encouragées à se manifester.

La FPF vise à créer un environnement sûr pour que les victimes puissent partager leurs expériences, en particulier à la lumière de facteurs aggravants uniques au sein du protestantisme, tels qu’une mauvaise compréhension de la soumission, un pardon forcé et un manque de supervision dans certaines églises. Ces facteurs font qu’il est difficile pour les victimes de demander de l’aide. En outre, une enquête gouvernementale de 2010 a révélé que les communautés protestantes et catholiques avaient une incidence plus élevée de violence domestique que les personnes non religieuses, ce qui souligne encore davantage la nécessité d’agir.

Si les violences sexuelles retiennent souvent l’attention, Valérie Duval-Poujol estime que d’autres formes d’abus, telles que la manipulation psychologique par des leaders charismatiques, devraient également être prises en compte. L’Église protestante, explique-t-elle, doit s’attaquer à toutes les formes de violence, et pas seulement aux abus sexuels, dans le cadre de sa responsabilité de soutenir les personnes vulnérables. Valérie Duval-Poujol estime que l’Église protestante ne fait que commencer à s’attaquer à ses problèmes et espère que les victimes continueront à s’exprimer et à utiliser la nouvelle ligne d’assistance téléphonique pour obtenir du soutien.

Le service d’assistance téléphonique, en partenariat avec France Victimes, fournit un soutien national et local, offrant des conseils et une orientation aux victimes, aux témoins ou à toute personne ayant besoin de conseils. La FPF s’engage à faire en sorte que toutes les victimes se sentent entendues et soutenues, dans le but d’éradiquer une fois pour toutes les abus au sein de l’Église.

D’autres outils ont été mis en place par la FPF pour éclairer le phénomène de la violence dans les Eglises protestantes :

Livre : Comprendre et lutter contre les violences en protestantisme
Rapport de la FPF (2023) : Les violences sexuelles et spirituelles dans le protestantisme

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Valérie Duval Poujol
Entretien mené par : Anne-Valérie Gaillard
Technique : Quentin Sondag