L’évangile du dimanche 21 avril

25.04.2021 : Jean 10. 11-18 – Jésus, le bon berger

Jésus le bon berger

Introduction

Ce chapitre de l’évangile de Jean évoque deux images pour parler de Jésus, il est la porte et il est le berger. La porte protège les brebis quand elles sont dans l’enclos et le berger les conduit lorsqu’elles sortent de l’enclos. Les versets de ce dimanche décrivent les qualités du bon berger.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Image du berger

Le bon berger est celui qui n’abandonne pas ses brebis quand le loup se pointe, mais qui les protège. On pense à David qui parlait de son métier de berger en disant que lorsqu’il faisait paître le troupeau de son père : « Quand le lion ou l’ours venait enlever une bête du troupeau, je lui courais après, je le frappais et je délivrais la bête de sa gueule. S’il se dressait contre moi, je le saisissais par la barbe, je le frappais et je le tuais[1]. »

Dans les évangiles, plusieurs images sont données du Christ, il est l’avocat, l’ami, le sauveur, ici il est le berger qui protège et qui montre le chemin.

Le berger connaît ses brebis

Le bon berger se distingue du mauvais en ce qu’il connaît ses brebis. Dans le Premier Testament, le verbe connaître et parfois traduit par aimer. Dire que le Christ nous connaît, c’est dire qu’on est précieux à ses yeux.

En français, co-naître, c’est aussi naître avec. Nous qui sommes connus du Christ, nous sommes invités à naître – renaître – avec lui.

Pistes d’actualisation

1er thème : Les bergers dans la Bible 

Les hommes de la Bible ont souvent été des bergers. Abel était berger ; Abraham, Isaac et Jacob ont passé leurs vies sous des tentes ; Moïse et David ont reçu leur vocation alors qu’ils étaient bergers ; Amos était berger et ce sont encore des bergers qui ont été les premiers avertis de la naissance de Jésus. Les bergers ont une relation particulière avec le Seigneur parce qu’ils veillent ; plus souvent que les autres, ils contemplent les étoiles et écoutent ce que raconte le vent.

Dans cette parabole, c’est le Seigneur qui est le berger comme dans le Psaume 23 ou dans la parabole de la brebis perdue et retrouvée. Il nous appartient de nous laisser conduire pour entrer dans le grand troupeau de ceux qui le suivent.

2e thème : Le bon berger se défait de sa vie

Dans le quatrième évangile, Jésus est aussi défini comme l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde[2], c’est-à-dire l’agneau sacrifié. Jésus est l’agneau et il est le berger, mais un berger qui se défait de sa vie.

Cette expression renvoie au grand commandement de ce quatrième évangile : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés, personne n’a de plus grand amour que celui qui se défait de sa vie pour ses amis[3]. » L’amour dans ce verset n’est pas un sentiment, c’est un acte, donner de sa vie. Aimer son prochain, ce n’est éprouver un sentiment de sympathie à son égard, c’est donner de sa vie pour qu’il grandisse dans toutes les dimensions de sa personne.

Jésus n’est pas un berger qui conduit son troupeau à la baguette, c’est un berger qui aime ses brebis et qui se donne pour elles.

3e thème : Jésus a d’autres brebis

Jésus annonce qu’il a d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos. D’un point de vue historique, les commentaires disent que ce verset fait référence aux non-Juifs qui vont rejoindre la première Église. Nous pouvons l’actualiser en pensant que ce verset s’oppose à toutes les visions sectaires qui veulent faire coïncider l’Église de Jésus-Christ avec leur chapelle.

J’aime à penser que l’Église est plus grande que ce que je vois et crois et que mon prochain qui est d’un autre enclos est aussi une brebis dont prend soin le Christ.

Une illustration

Un commentaire rabbinique décrit une vision d’un bon berger. Il raconte que Dieu a observé comment Moïse s’occupait du troupeau de son beau-père. Lorsqu’il arrivait sur une nouvelle pâture, il commençait par envoyer les agneaux pour qu’ils mangent l’herbe la plus tendre, ensuite il envoyait les brebis quand l’herbe était plus dure et enfin les boucs quand il ne restait que les épines. Ayant vu que Moïse était un bon berger, Dieu a pensé qu’il pourrait conduire son peuple, c’est pourquoi il l’a appelé depuis un buisson en feu. Un bon berger fait attention à ce que chacun ait la part qui lui convient.

[1] 1 S 17.34-35.

[2] Jn 1.29.

[3] Lc 15.12-13.

L’épître du dimanche 21 avril

1 Jn 3.1-2 – Enfant de Dieu 

Nous serons semblables à lui 

Le contexte – La première épître de Jean

L’Église à laquelle s’adresse la première épître de Jean est influencée par des gnostiques qui enseignent que Dieu peut se trouver au terme d’une initiation.

L’auteur de l’épître répond en affirmant que le fait d’être enfant de Dieu n’est pas le fruit d’une quête réservée à quelques initiés, mais que c’est un don que Dieu nous fait par son amour.

Ce n’est pas en escaladant les marches de la connaissance que nous avons accès à Dieu, mais en ouvrant les mains pour accueillir son amour.

Que dit le texte ? – Enfant de Dieu 

Nous sommes enfants de Dieu, même si nous n’en n’avons pas conscience, car cela ne vient pas de nous, mais du Seigneur qui nous a adoptés.

Si cette filiation est aujourd’hui cachée du fait de l’incrédulité et des ambiguïtés de notre monde, nous attendons le jour où nous serons semblables à lui. En attendant ce jour, en nous demeurent de la foi et de l’incrédulité, car nous ne sommes pas totalement transparents à l’Évangile. Comme le dit le premier chapitre de cette épître : Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous (1 Jn 1.8).

Nous sommes invités à devenir ce que nous sommes déjà en vivant pleinement notre statut d’enfant chéri du Dieu créateur du ciel et de la terre en attendant le jour où nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – L’amour en actes

Dans ce passage, Dieu est décrit sous les traits d’un père aime ses enfants alors que dans l’évangile il est décrit sous les traits d’un berger qui connaît ses moutons qui en prend soin et qui donne sa vie pour eux.

Quand le texte dit que Dieu aime ses enfants, l’amour n’est pas de l’ordre du sentiment, mais du don. L’amour de Dieu n’est pas une idée, c’est Dieu qui a donné sa vie pour nous et nul ne pourra revenir dessus. 

C’est parce que nous pouvons nous appuyer sur ce soc indestructible que nous pouvons vivre en attendant le jour où tout sera révélé. 

Il est parfois difficile de se savoir aimés tant nous avons le sentiment que nous ne le méritons pas, c’est pourquoi nous devons entendre que l’amour que Dieu nous porte ne vient pas de nos mérites ni de nos qualités, mais qu’il est un don. Dieu nous aime comme un père aime son enfant, quoiqu’il fasse. Quand un enfant se comporte mal, le père est triste, mais il ne l’aime pas moins pour autant. 

Le livre des Actes du dimanche 21 avril

Ac 4.8-12 – Confession de Pierre 

Pierre devant le sanhédrin

Le contexte – La défense de Pierre

Après la guérison de l’infirme à la porte du temple, Pierre a annoncé l’évangile à la foule qui était impressionnée par le relèvement d’un homme que tout le monde connaissait comme un infirme de naissance. Comme de nombreux auditeurs sont touchés par la prédication de l’apôtre, les autorités religieuses l’arrêtent pour le faire taire.

Le lendemain, il est conduit devant le sanhédrin. 

Rappelant que quelques semaines plus tôt Pierre n’avait pas osé confesser le Christ alors qu’il était interrogé par une servante. Là il n’est pas devant une servante mais devant le grand prêtre et l’ensemble du sanhédrin, et il a le courage de confesser la foi chrétienne avec une assurance qui a étonné ses interlocuteurs selon le verset qui suit notre passage : En voyant l’assurance de Pierre et de Jean, ils étaient étonnés, car ils se rendaient compte que c’étaient des gens du peuple sans instruction.

Que dit le texte ? – La proclamation de la foi

Pierre résume la foi chrétienne en deux affirmations fortes :

  • La guérison se trouve en Jésus-Christ le Nazôréen que vous avez crucifié et que Dieu a réveillé d’entre les morts.
  • C’est lui, la pierre que vous, les constructeurs, vous avez méprisée, et qui est devenue la principale, celle de l’angle.

La foi repose sur ces deux affirmations : celui qui a été crucifié a été relevé. La mort ne l’a pas retenu. C’est cet événement qui est au fondement de la vie de l’Église. Il suffit pour s’en convaincre d’observer la situation des disciples au soir de la croix. Un a trahi, un autre, le principal, a renié et tous sont absent. Ils se cachent probablement par peur de subir le même sort que leur maître. Ces mêmes disciples où les trouvons-nous quelques jours plus tard ? Là, devant le sanhédrin, a confesser leur foi. Il a fallu un événement suffisamment fort pour expliquer ce changement : « celui que vous avez crucifié, nous l’avons vu vivant. »

Le deuxième argument est le verset qui a aidé les disciples à donner un sens au scandale de la croix. Les disciples ont opposé une incrédulité farouche à la perspective de la croix. Quand Jésus a été crucifié, il a fallu donner un sens théologique à ce fait. Ils l’ont trouvé dans une citation du Ps 118 qui dit que la pierre qui a été rejetée par les bâtisseurs est devenue la principale. Ils ont entendu que le rejet n’était pas le signe d’un échec, mais d’une nouvelle compréhension du monde et de Dieu.

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – La part de l’humain et celle de Dieu

Pierre affirme que Dieu a relevé d’entre les morts celui que le sanhédrin a crucifié et le passage de l’évangile souligne que le bon berger donne sa vie pour ses moutons.

La tension entre les deux affirmations souligne la responsabilité des humains : « ce sont des hommes qui ont condamné Jésus à mort » en tension avec le plan de Dieu : « c’est Dieu qui se donne pour le salut du monde. » Pour évoquer cette tension, le théologien Karl Barth parle de « la libre détermination de l’homme dans la livre décision de Dieu. » 

Le don du fils était dans le plan de Dieu pour dire le jusqu’au bout de son amour sans que la responsabilité des humains soit évacuée pour autant.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenants : Antoine Nouis, Florence Taubmann