Chers frères et sœurs, nous avons perdu la grâce. On n’en entend plus parler, si ce n’est il y a quelques mois dans la bouche de l’archevêque de Lyon qui constatait que les faits criminels concernant un prêtre de son diocèse étaient prescrits, « grâce à Dieu ». Plus personne ne parle de la grâce, que ce soit dans la société ou dans nos Églises.  Nous avons la loi et la morale auxquelles s’ajoutent les arrêtés préfectoraux ; nous avons la culpabilisation ; nous avons les œuvres ; mais où est donc passée la grâce ? Où est passée la grâce qui n’est pas seulement la grande affaire du protestantisme, mais un attribut fondamental de Dieu tel qu’en parlent les textes bibliques ? Est-ce la grâce qui structure notre société, notre monde ? C’est à croire que notre société s’abstient de toute forme de grâce.

On m’objectera qu’il faut être un peu sérieux et que ce n’est pas la grâce qui peut régir la vie. Ah bon ? Ne serait-ce pas, au contraire, la vocation chrétienne que de permettre à la grâce de régir notre vie personnelle et, par conséquence, notre vie sociale ? Non pas seulement la grâce au sens de la beauté – dont Dostoïevski disait  qu’elle sauverait le monde – mais bien la grâce divine, le don miséricordieux offert par Dieu. Ce que j’aimerais vous présenter, ce matin, au regard du texte d’Ésaïe, c’est qu’une société sans grâce, c’est une société inhumaine, une société invivable. J’aimerais vous montrer cela à travers trois domaines abordés par le prophète Ésaïe : la justice, la guérison et […]