Philippe Gaudin, à partir de l’expérience de frère Rachid et de sa rupture avec son père, revient sur la question de l’apostasie. Il rappelle qu’en Islam, on naît musulman et que quitter l’islam peut revenir à quitter son humanité. A travers la réaction des parents de Rachid, il souligne leur bienveillance, manière aussi de rappeler que les personnes comptent plus que les doctrines.
Philippe Gaudin évoque avec intensité le livre de Maurice Saliba, qui retrace l’histoire bouleversante de frère Rachid, fils d’un imam devenu téléévangéliste chrétien. Au cœur de cette histoire, une confrontation poignante entre Rachid et son père, imprégnée de douleur, de vérité et d’amour. Le point culminant se situe dans un dialogue déchirant où Rachid implore son père de le tuer, conformément aux injonctions extrêmes de l’islam face à l’apostasie, ce que son père refuse dans les larmes, révélant ainsi l’humanité profonde de ce dernier.
Philippe Gaudin souligne que le dieu qui interdit le questionnement critique ne mérite aucune croyance. Cette réflexion radicale se fonde sur une critique acérée du modèle religieux qui exige l’obéissance aveugle à des ordres parfois immoraux et contre nature, tel le sacrifice symbolique d’Isaac (ou d’Ismaël en islam), souvent interprété comme la preuve ultime de la foi. Cette « matrice théologique » d’obéissance absurde est décrite comme la racine même des violences perpétrées historiquement au nom de Dieu, pas seulement dans l’islam mais également dans le christianisme ou le judaïsme.
Citant Kant, Philippe Gaudin affirme qu’un ordre divin contraire à la morale doit être rejeté catégoriquement, position qui transcende toute exégèse religieuse traditionnelle. Il célèbre ainsi une foi incarnée, consciente et critique, capable de refuser la soumission à l’autorité divine lorsqu’elle contredit la conscience morale individuelle.
Quant à la mère de frère Rachid, Philippe Gaudin met en avant sa bonté naturelle, distincte d’une pratique religieuse intellectuelle rigoureuse. Elle attribuait spontanément ses qualités humaines positives à l’islam, illustrant ainsi que l’essence de la religion se mesure davantage dans le vécu humain concret que dans les doctrines abstraites.
Ce témoignage nous invite à privilégier l’humain sur les dogmes et à reconnaître que c’est dans la profondeur des relations humaines que s’exprime véritablement la foi.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Entretien mené par : David Gonzalez
Réalisation : Horizontal pictures
Intervenant : Philippe Gaudin