Les abus sexuels qui troublent l’Église catholique nous concernent tous, car ils s’inscrivent dans le contexte d’institutions où des positions d’autorité sont dévoyées en rapports de force et d’asservissement, et cela existe hélas partout. Pourtant nous avons affaire ici à l’un des points cruciaux contre lesquels la Réforme s’était dressée. Il ne suffisait pas de démanteler le monopole du pardon qui permettait à l’Église romaine de rendre sa propre justice. Ni de démanteler la double morale qui dissociait le clergé, lié par des vœux de chasteté indissolubles, et le vulgum pecus des laïcs voué aux servitudes de la reproduction familiale.
Ce que la Réforme a apporté de plus révolutionnaire, rouvrant la Genèse et le Cantique des Cantiques, et à l’encontre de l’apôtre Paul, qui insistait sur la chasteté comme idéal (d’ailleurs émancipateur pour les femmes et les serviteurs soumis au […]