Avant le confinement, le culte avait perdu de sa superbe. Assemblée réduite, pasteurs et prédicateurs laïcs ayant l’impression d’investir beaucoup de temps pour peu de monde. Le culte ne faisait plus recette qu’auprès de quelques fidèles. À la question de savoir si le culte est encore l’élément central de la vie paroissiale, la réponse aurait pu être un grand « non ». En fait « oui et non », selon ce qu’on considère :
– « Non », si l’on tient compte de la taille de l’assemblée et de l’importance que les paroissiens pris dans leur ensemble attachent au culte.
– « Oui », si l’on se réfère à la célèbre maxime des réformateurs : l’Église est « l’assemblée de tous les croyants auprès desquels l’Évangile est prêché purement et les saints sacrements administrés conformément à l’Évangile ». Le culte, contenant ces deux éléments, est au cœur de la vie de l’Église et de la vie paroissiale.1 Or, durant le temps du confinement, aucune paroisse n’ayant droit de célébrer de cultes en assemblée, de nombreux pasteurs ont su être créatifs en proposant des cultes, des temps de prières, des méditations, des temps spirituels et même des propositions de sainte Cène à distance, tant sur les réseaux sociaux que par téléphone ou par mail. Difficile de quantifier le nombre de personnes touchées par ces propositions ni si cela a suscité un certain regain pour le culte. Mais elles témoignent de l’attachement au  culte ou à minima à l’importance de garder un lien spirituel malgré le confinement. Quand toutes les activités sont obligées de s’arrêter, il reste le culte, même si c’est à distance.
Pas sûr pour autant qu’après le confinement, les cultes seront mieux fréquentés. Mais ces propositions pourraient perdurer, car répondant à un besoin de personnes ne pouvant ou ne sentant pas le besoin de se rendre dans le lieu spécifique de l’église.

Est-ce une question de nombre ?

Selon moi, le culte est le ‘lieu’ où se retrouvent ceux qui ont placé leur foi en Dieu et qui ont le désir de prier, de chanter, de louer Dieu et d’écouter sa parole, en entrant en communion avec d’autres et avec Dieu.2
Le culte parle à ceux qui sont dans une démarche de foi. Quand j’étais enfant, je m’y ennuyais profondément. Lorsque j’étais ado, je me suis éveillé doucement à la foi dans un groupe de jeunes paroissial. Ce n’est qu’avec le temps, ma foi grandissant, que le culte est devenu un besoin. Si nos églises ne sont pas bondées aujourd’hui, ce n’est pas parce que nos cultes sont dépassés, mais parce que le culte n’intéresse pas la masse grandissante de personnes qui ne croient pas au Dieu de Jésus-Christ, ni en aucun autre Dieu. Ça ne leur parle pas. Avant de remplir nos cultes, il nous faut d’abord effectuer un travail d’évangélisation et de transmission de l’Évangile à nos contemporains, point sur lequel les Églises évangéliques nous ont devancées (ce qui explique que leurs lieux de cultes rassemblent du monde) sans pour autant négliger nos cultes. Le culte demeure le centre de la vie paroissiale, même si le culte n’est plus nécessairement le centre de la vie de nos paroissiens. L’important, c’est d’y aller « dans la joie quand on nous dit : allons à la maison du Seigneur », Psaume 122

1. La célébration du culte (leiturgia) constitue avec le témoignage (martyria) et l’engagement dans la société (diaconia) l’Église et fonde sa communion dans l’unité.
2. Martin Luther disait « Dans sa liturgie, le Seigneur parle avec nous au travers de sa Parole sainte, et nous lui répondons par notre prière et notre louange. » (parole prononcée lors de l’inauguration de la Schlosskirche)