Le traditionnel Carême, inauguré par le Mardi gras et le mercredi des Cendres, a commencé le 10 mars.
Le Carême est lié à la pratique du jeûne dans l’Église catholique. L’Église protestante, d’abord opposée au jeûne, découvre actuellement ses vertus, en lui donnant un sens nouveau. Le jeûne consiste à se priver volontairement de nourriture. Ce n’est pas une pratique qui caractérise le christianisme. Il est présent dans un grand nombre de religions très différentes. Nous n’aborderons ici que les trois grandes familles de la religion chrétienne, à l’intérieur desquelles il faudrait tenir compte de nuances et autres dénominations spécifiques.
Dans l’orthodoxie ? L’année orthodoxe compte quatre grandes périodes de jeûne (abstinence de viande, de poisson et de laitage) : le Grand Carême (sept semaines avant Pâques) ; le « jeûne des apôtres », qui commence un lundi, huit jours après la fête de Pentecôte, et se termine le 28 juin, veille de la fête des saints Pierre et Paul ; le jeûne de l’Assomption (1er au 14 août) ; le jeûne de Noël, qui dure 40 jours, du 15 novembre au 24 décembre.
Dans le catholicisme ? L’Église catholique appelle ses fidèles à jeûner (ne pas consommer de viande) tous les vendredis de l’année, ainsi que pendant la période du Carême. Elle fixe également deux jours de jeûne spécifiques : le mercredi dit « des Cendres » et le vendredi « de la Passion et de la Mort de Notre Seigneur Jésus-Christ ». « Le jeûne assure des temps d’ascèse et de pénitence qui nous préparent aux fêtes liturgiques et nous disposent à acquérir la maîtrise sur nos instincts et la liberté du coeur. » (Catéchisme de l’Église Catholique).
Dans le protestantisme ? La Réforme au XVIe siècle met un frein à la pratique religieuse du jeûne. Les réformateurs y voient une dérive de l’Église catholique de l’époque. Les réformateurs rejetaient en effet les pratiques d’autojustification. Pour Martin Luther, toute la vie est pénitence ; une pratique spécifique n’est plus nécessaire. Pour Jean Calvin, il vaut mieux s’abstenir de jeûner que de le faire pour de mauvaises raisons. Aujourd’hui, c’est par le biais des préoccupations pour la sauvegarde de la création que les différentes identités confessionnelles se rejoignent sur le jeûne. Chacune de leur côté, ou dans des actions communes, les églises chrétiennes appellent à jeûner pour signifier l’implication des croyants sur cette question.
Je me demande pourquoi les protestants reprennent l’idée du jeûne ? Les réformateurs ont supprimé le jeûne que pratiquait l’Église catholique mais ils ont en même temps affirmé l’importance de la modération. Si les protestants d’aujourd’hui n’ont pas de jeûne liturgique, ils sont sensibles aux problèmes environnementaux et voient dans l’appel à la modération (et/ou le jeûne) une manière de s’impliquer concrètement pour la sauvegarde de la création.
Je me demande s’il y a vraiment des gens qui jeûnent de nos jours ? Voici deux exemples récents d’appel à jeûner : COP24 : Jeûnons ensemble pour le climat ! Les 30 nov., 1er et 2 déc. derniers, un grand nombre de personnes, connues ou non, ont signé cet appel et se sont engagées à jeûner (cf. jeunepourleclimat.net).
Action spécifique en Alsace : une chaîne de jeûne pour soutenir les grévistes de la faim contre le GCO-Grand Contournement Ouest (cf. info sur le site « bible et création »).