Chacun, dans le monde protestant en tout cas, connaît l’Armée du Salut et souvent contribue par des dons à ses œuvres, en particulier au moment de Noël lorsque les salutistes placent leurs marmites sur les trottoirs pour appeler à la générosité envers ceux qui n’ont plus rien. À l’origine de ce mouvement, présent aujourd’hui dans 119 pays, il y a le pasteur méthodiste William Booth, révolté par la misère en Angleterre. En 1878 il se lance dans le combat et fonde une nouvelle Église auquel il donne le nom d’Armée du Salut, car c’est bien une guerre qu’il veut mener contre la misère. Les pasteurs sont des officiers et portent des uni-formes, hommes ou femmes, mariés ou célibataires. Chaque membre d’un couple de salutistes marié porte le même grade, ce qui est assez exceptionnel pour l’époque.

Congrégation et Fondation

Ce sont trois jeunes filles de vingt ans qui installent l’Armée du Salut en France dès 1881. Le principe de base n’a pas changé : si la parole de Dieu sauve, elle ne peut être entendue par ceux qui souffrent de la faim, du froid et de la crasse. C’est ainsi que sont nés les trois S comme Soupe, Savon, Salut et dans cet ordre. Il faut d’abord nourrir et soigner les corps pour pouvoir ensuite se préoccuper des âmes. Aujourd’hui l’Armée du Salut est présente presque partout en France à travers de multiples activités, toutes tournées vers le soin aux plus nécessiteux. Des établissements sont consacrés spécifiquement aux handicapés, aux personnes âgées dépendantes, à l’insertion, au sou-tien scolaire, aux femmes seules accompagnées ou non d’enfants en bas âge… Les besoins sont multiples et l’Église tâche d’y faire face, sans oublier l’aide d’urgence apportée à tous, sans condition.L’État français ne s’y trompe pas et considère l’Armée du Salut comme un partenaire essentiel dans la lutte contre la pauvreté. C’est la raison pour laquelle l’Église a dû se scinder entre la Congrégation (la partie cléricale) et la Fondation, laïque et reconnue d’utilité publique, donc apte à recevoir des subventions. Celle-ci emploie plus de 2 000 salariés et gère un budget important.

S’adapter à la crise sanitaire

Depuis que tous les centres d’accueil de jour sont fermés, il a fallu s’adapter. Un service de plateaux-repas a été mis en place et connaît un essor important en région parisienne : de quelques centaines de repas servis, on est passé à 7 000 en avril et mai dernier, puis à nouveau une forte augmentation depuis février cette année, notamment due aux étudiants en situation difficile. Partout les places manquent et l’État a réquisitionné des hôtels gérés par l’Armée du Salut et le Casp. Pour répondre à ces besoins accrus, le nombre de bénévoles n’a heureusement pas faibli. Si de nombreux retraités se sont écartés en raison des risques sanitaires, la relève a été assurée par des étudiants ou des personnes en chômage partiel. De même les dons financiers, s’ils restent inférieurs aux dépenses, ont été assurés notamment par les réponses positives des entreprises qui ont été sollicitées. La région parisienne a aussi donné des subventions pour acheter des produits alimentaires produits localement.Conçue à l’origine pour sortir de la misère les personnes les plus précaires, l’Armée du Salut a gardé cet objectif bien qu’elle ne fasse plus de prosélytisme. La parole du Christ est cependant bien sûr toujours disponible pour celui qui en fait la demande.