Justification par la foi et baptême
D’abord, la mise en question des indulgences par Luther a contribué à une nouvelle formulation de la justification par la foi. En découle rapidement une critique des sacrements et une insistance sur la nécessité d’une foi consciente. Dès 1520, Luther critique la messe et la théologie de l’eucharistie.
« [..] La messe est une promesse de Dieu qui ne peut être utile à personne, qui ne peut être appliquée à personne, qui ne peut secourir personne, qui ne peut être communiquée à personne, si ce n’est au croyant lui-même et à lui seul, en vertu de sa propre foi. Car qui peut accepter à la place d’un autre ou lui appliquer la promesse de Dieu, alors que Dieu exige la foi propre de chacun¹ ? »
Si Luther restait profondément attaché au pédobaptême, certains de ses écrits ont néanmoins contribué à une mise en question du baptême obligatoire de tous. Sans le vouloir, il participe à la naissance de l’anabaptisme avec des phrases comme la précédente et comme celle-ci.
« La force du baptême, en effet, n’est pas tant située dans la foi de celui qui le confère que dans la foi de celui qui le reçoit, ou dans l’usage qu’il fait du baptême². »
Ainsi, la pensée anabaptiste partagera avec Luther l’importance fondamentale de la justification par la foi. Cependant, la compréhension différente de la foi consciente dans l’anabaptisme aboutira à une tout autre logique sur le baptême. C’est à partir d’une foi suscitée par la prédication de l’évangile et d’une réponse personnelle à la grâce de Dieu que le baptême doit être administré. […]
1. Martin Luther, Prélude sur la captivité babylonienne de l’Eglise, Marc Lienhard, Matthieu Arnold (sous dir.), Luther – Œuvres, Gallimard, 1999, p. 744.
2. Martin Luther, Prélude, p. 761.