On a toujours le choix. Suivre un chemin tout tracé « ou sortir des sentiers battus ». Oser explorer, découvrir, voire redécouvrir l’audace de la liberté.

J’ai vécu de grandes années de bonheur. Un mariage heureux, des enfants puis des petits enfants… Malgré la douleur d’un veuvage précoce, ma foi protestante n’a pas été ébranlée…même si, dans mes prières j’ai crié ma colère à Dieu !…

Aujourd’hui ma famille est un formidable panel de religion chrétienne : il y a des protestants et des catholiques… Et tout ce beau monde se retrouve sans animosité à chaque occasion dans l’une ou l’autre église. C’est notre diversité et quelque part c’est déjà un chemin quelque peu différent de par la tolérance réciproque.

Habitant un petit village sans église protestante, j’avais choisi le dialogue en direct avec Dieu. Et puis un jour, lors du baptême de mon dernier petit fils, j’ai accepté, à la demande d’Anne Heitzmann, pasteure à Ensisheim, de participer aux rencontres de la paroisse. Une opportunité ? Un signe ? Une évidence peut-être. Nous vivons à l’heure des psy et des coachings en tout genre : coaching sportif, parental, bien-être, rangement, jardinage etc… Comme si nous n’étions plus capable de décider par nous même de prendre des initiatives, de réfléchir, d’organiser sa vie. Alors oui, je me suis fait violence, pour quitter un chemin préconçu, étonner mon entourage familial et amical.

Et de constater qu’à ce jour notre église est bien loin de celle de ma jeunesse. Je me souviens fort bien de mes devoirs du dimanche : 10h15 culte puis repas familial…Obligation devenant presque punition pour une jeune fille de 12-15 ans…A cette époque-là nous suivions une route toute tracée. La vie a changé depuis ces années-là, la société aussi. Notre église c’est évidemment la parole de Dieu mais elle est devenue au fil du temps un formidable espace de liberté. Libre d’aller et venir, de rire ou de pleurer, de comprendre ou de questionner. Libre d’accepter l’autre tel qu’il est avec ses certitudes et ses doutes. Une église tolérante, aimante, je dirai même « légère ». Nous avons parfois besoin de parler seul à seul avec Dieu, mais s’engager dans l’église donne le goût essentiel du partage. Ne pas se confiner dans sa solitude et son égoïsme quand on vous ouvre les bras ! Changer de direction quand on vous appelle.

Cela me fait penser à ces millions de gens qui empruntent chaque jour le même chemin pour aller au travail, chercher les enfants à l’école, aller au supermarché. Bien obligés évidemment et il serait utopique de leur suggérer de changer leur itinéraire. Manque compréhensif de temps ! Mais pourquoi ne pas utiliser un jour de congé pour aller voir ce qu’il y a dans cette autre rue, ici à droite, là à gauche. Prendre ce chemin de campagne qu’ils voient tous les jours en traçant la route en voiture. Je suis sûre que beaucoup découvriraient de beaux endroits. Et je les imagine souriants, étonnés, sereins. Sortir des sentiers battus et rompre quelques instants la monotonie d’un chemin devenu triste et indifférent.

Une route toute tracée ne signifie pas une route sans cailloux, sans ornière. S’engager dans l’église c’est aider à casser les cailloux, à sortir de l’ornière. S’engager dans l’église c’est aussi partager les bonheurs de la vie, se réjouir, prier, chante, aimer. Aimer c’est partager, le bonheur c’est partager ! S’engager dans l’église c’est la faire vivre, c’est nous faire vivre ! Comment ne pas céder à cette belle voix intérieure qui nous dit « non, tu n’es pas obligé de continuer tout droit… va où le vent te mène sans t’effrayer ».

Un jour j’ai suivi le vent et j’ai pris la clé des champs…