Ce verset fonde pour Luther le « sacerdoce universel ». En vertu de notre baptême, nous sommes tous « prêtres ». La prédication est au centre du culte, lui-même au cœur de la vie d’Église. Dans l’Église protestante unie de France (EPUdF) qui réunit luthériens et réformés, la prédication est l’Évangile annoncé, proclamé et partagé. C’est le pasteur qui préside le culte, ou bien des bénévoles formés à la prédication : les prédicateurs laïcs, femmes ou hommes dont le ministère est reconnu, prêchent sous la responsabilité du pasteur et du Conseil presbytéral. Les luthériens préfèrent que ce soit un pasteur qui préside la sainte cène.

Qui?

De tous âges, de toutes formations, prédicatrices et prédicateurs sont très différents les uns des autres. Catherine Bacon, désormais retraitée, prêche depuis 30 ans. Elle a toujours été engagée dans l’Église : monitrice d’école biblique, conseillère presbytérale, elle a été « discernée » par le pasteur de sa paroisse qui partait à la retraite. La paroisse se préparait à plusieurs années de vacance pastorale. Un pasteur du consistoire l’a formée car il n’existait aucune formation à l’époque. « Appel de l’Église, appel de Dieu ? » s’interroge Catherine. Parallèlement, elle a suivi des cours à l’Institut protestant de théologie (IPT) pendant 5 ans, tout en travaillant. Elle prêche entre deux fois par mois et deux fois par trimestre, travaille seule, lit les commentaires et suit des études bibliques. Une dizaine de paroisses l’ont sollicitée depuis qu’elle prêche et actuellement elle s’investit principalement dans 4 paroisses. Joël Rabarioelina, encore actif, a lui commencé dans son ancienne paroisse baptiste en 2005. Le pasteur l’a invité à prêcher et, arrivé dans une paroisse de l’EPUdF, il a continué. « Après avoir reçu, il est nécessaire de donner, à l’image de la parabole des talents », dit-il. Joël n’a pas reçu de formation spécifique, mais il participe au groupe de travail des prédicateurs laïcs de sa paroisse et suit l’étude biblique qui lui permet d’avoir une autre vision des textes. Catherine et Joël soulignent le temps passé en préparation, d’autant plus que Joël est aussi organiste.

Pourquoi?

Catherine explique qu’elle veut traduire ce qu’elle ressent dans sa vie avec le Seigneur. Il ne s’agit pas d’un témoignage, elle ne parle pas d’elle, se met en retrait, car la seule autorité reconnue est celle de la Parole, de la Bible et non du prédicateur. Elle dit utiliser un langage simple, accessible à tous. Quand sa prédication est terminée sur le papier, elle pense : « Cette prédication me parle à moi aussi ! ». Elle prêche en général sur le texte du jour, parfois sur un événement, par exemple le culte du diaconat. Pour Joël, il dit « avoir envie de partager la Parole de Dieu et la mise en avant de Jésus-Christ, en gardant comme ligne de mire l’importance de la vie éternelle ». Le fait de prêcher lui fait prendre conscience de la « responsabilité du rôle d’enseignant » car un jour « nous serons redevables de ce que nous aurons accompli sur terre ». Les « retours » après le culte sont bons pour Catherine et Joël. Cependant celui-ci souligne que la famille est parfois « sévère » car plus critique et plus directe que les paroissiens ! Joël ajoute pour terminer : « Nous avons des dons différents, selon la grâce qui nous a été accordée » Rom 12.6.