Aujourd’hui, des personnes entament des études de théologie après une première vie professionnelle : professeurs, assistants sociaux, chercheurs, éducateurs… Leur projet est de devenir pasteur. C’est le plus souvent l’objet d’une lente maturation et réflexion. Ce n’est pas chose facile. En effet, les études de théologie sont très spécifiques. En général, il ne peut y avoir d’équivalence. D’autre part, elles comportent aussi l’apprentissage de deux langues, l’hébreu et le grec, très peu étudiées dans d’autres cursus.
Beaucoup d’étudiants passent par l’enseignement à distance qui existe depuis 3 ans et concerne entre 80 et 90 personnes réparties entre les facultés de Paris et Montpellier de l’Institut protestant de théologie (IPT). Habiter loin des facultés, travailler, être disponible pour ses enfants et mener des études de front, demandent du temps et de l’organisation. Souvent, la licence qui devrait être validée en 3 ans, prend 4 ou 5 ans… Et ceci avec le danger de « perdre » entre temps des étudiants découragés par l’ampleur de la tâche. Autre inconvénient, quand l’étudiant a fini, il n’aura jamais rencontré ni un professeur, ni un autre étudiant sauf par le biais d’un écran. Une fois la licence finie, il reste deux années de Master : le Master 1, dit « de recherche », et le Master 2, professionnel. Ces deux années nécessitent d’abandonner toute vie professionnelle et de se consacrer à plein temps aux études.
Quitter la vie salariée
Les responsables de l’EPUdF et de l’IPT se sont posé la question de savoir comment aider ces étudiants. Car si des personnes, après une première vie professionnelle, souhaitent entrer dans le ministère pastoral, il faut qu’elles puissent le faire rapidement. D’où l’idée d’une aide pouvant faciliter leur reconversion. Denis Richard, trésorier national de l’EPUdF, souligne : tous les salariés ne sont pas concernés par les lois sur la formation continue conduisant à une reconversion. Il explique les modalités de cette bourse : il existe des bourses pour suivre les deux premières années de licence par le télé-enseignement. Aussi, cette nouvelle aide serait attribuée à partir de la troisième année et pour les deux années de master. L’aide à la reconversion serait de 80 % du SMIC, équivalent du salaire pastoral de base, et pourrait être soit augmentée soit diminuée en fonction des revenus du conjoint. Si l’étudiant est obligé d’avoir une double résidence, des frais de logement sont envisageables.
« Tous les salariés ne sont pas concernés par les lois sur la formation continue conduisant à une reconversion. »
Pour l’année 2018-2019, douze personnes ont demandé cette aide, la majorité à Paris. Tout est fait pour que le système soit en place depuis le mois de septembre et que ces étudiants bénéficient de cette aide pendant trois ans : troisième année de licence et deux années de Master. Évidemment, le « nerf de la guerre » en est le financement, et il faut trouver les sommes correspondantes. L’opération se chiffre à 150 000 €. Plusieurs fondations protestantes participent, dont la Fondation du protestantisme et essentiellement la Fondation pour les ministres des Églises protestantes de France, dans laquelle on a créé un fonds d’action sociale professionnel pour aider les futurs pasteurs. Denis Richard en est aussi le trésorier. Entreprendre des études de pasteur après une première carrière professionnelle, c’est se projeter dans des études longues avant la reconversion. Si la personne arrête car elle ne peut faire les deux à la fois, c’est aussi un échec pour l’Église.