Ce dimanche d’été 2016, je découvre avec éblouissement la ville de Funchal, blottie dans sa baie majestueuse entre montagnes et océan. Comme toujours, une douce brise venue du large m’encourage pour visiter les jardins tropicaux qui ponctuent la ville. Le Jardim Municipal est probablement l’espace vert le plus fréquenté des Madéirans et des touristes. Une multitude de végétaux variés s’y développent, aux dimensions et aux senteurs exubérantes. Placé au cœur de cette ville européenne, à moins de 1 000 kilomètres au large de Marrakech, ce jardin est un havre de paix et de quiétude qui invite à la rêverie et à l’observation de l’espace. C’est ainsi que je découvre à l’ombre des gigantesques palmiers, l’église presbytérienne de Funchal.

Un psaume, chanté en portugais

Mon attention est tout d’abord attirée par une douce mélodie : un psaume, chanté en portugais par une assemblée emplie de joie d’être regroupée pour louer Dieu. La mélodie provient des fenêtres d’une petite église aux murs blancs immaculés. Son architecture, singulière, a quelque chose d’écossais, avec ce perron qui précède une large porte noire.

Un écrin de verdure, soigneusement entretenu, ceinture l’église. Je m’approche et marque timidement un arrêt auprès de la lourde porte entrouverte, le temps d’admirer un superbe harmonium identique à celui de mon enfance. Le psaume terminé, l’assemblée assise, une voix pastorale retentit en portugais, rappelant ce qui ressemblait sans aucun doute à une profession de foi. J’entre dans l’édifice : c’était bien un temple protestant. L’assemblée était compacte. Le pasteur, du haut de la chaire, était en tout point semblable au pasteur de ma paroisse : robe noire avec deux rubans blancs au col. Sans comprendre le portugais, je m’aperçois, sans effort, que la prédication du pasteur porte sur des événements de la vie quotidienne.

« Le dépaysement  du visiteur que j’étais se trouvait ailleurs, mais pas dans le temple presbytérien de Funcha »

Très vite, au moment du cantique, un brave homme m’apporte un recueil de chant, je regrette que les partitions n’apparaissent pas. Je crois bien qu’à l’exception de ce détail, la liturgie qui m’était familière depuis mon enfance est scrupuleusement appliquée. Je devais me rendre à l’évidence : le dépaysement du visiteur que j’étais se trouvait ailleurs, dans les montagnes vertigineuses de Madère ou auprès des baleines et dauphins qui longent les côtes de l’île, mais pas dans le temple presbytérien de Funchal. Le culte terminé, le pasteur Jorge Gouvéa me salue chaleureusement et me souhaite la bienvenue en bon français. Puis il me présente à d’autres paroissiens qui mettent tous un point d’honneur à me dire quelques mots de français.

Des petits bonheurs

Il y a des petits bonheurs qu’il faut savoir apprécier, comme celui d’être chez soi au milieu de l’Atlantique à l’intérieur d’un temple issu de la Réforme, avec cette délicate influence écossaise visible par la forme de la croix bien présente derrière la Bible et face à ses rangées de bancs noirs brillant sur tapis rouge, le tout enveloppé par cette inimitable lumière de Madère. L’archipel est une Région autonome portugaise qui partage l’histoire de l’Europe comme un mille-feuilles, méritant bien d’être explorée. Au XIXe siècle, elle connut probablement les dernières persécutions de protestants européens, en chassant dans la violence des centaines de Maderiens avec leur révérend écossais qui avait su partager avec eux le message de Jésus-Christ. Aujourd’hui, la communauté maintient une discrète présence au sein de Madère, actions diaconales et cultes dominicaux sont autant de rencontres possibles pour trouver des frères outre-Atlantique.

Temple presbytérien de Funchal, 47 Rua do Conselheiro, 9000 – 045 Funchal Madeira-Portugal / 00-351- 291-22131

Culte tous les dimanches à 12h