Ces dernières années, les documents numériques avaient déjà allégé les valises des synodaux, la tablette tactile remplaçant l’important classeur et ses onglets séparant les différents rapports. Mais si le média a changé, la culture du document rédigé était restée, notamment pour le sujet synodal. Aucun travail de fond ne pouvait s’envisager sans ses rapporteurs et orateurs triés sur le volet. L’assemblée restait assise à écouter les fines et pertinentes analyses, avant d’amender le texte de la décision pour arriver au texte final, bien souvent exemple de pondération, de conviction et d’élan.

Seules trois consignes simples

De tout cela, il ne sera pas question cette fois-ci : pas de dossier préparatoire copieux à lire précise le quatre pages de présentation du sujet synodal. Seules trois consignes simples sont indiquées : Prendre du temps pour réfléchir à ce qu’on vit en Église, prévoir des chaussures pour la marche et apporter un objet qui évoque l’appel. En effet, Vivre d’un appel, comme a été intitulé le sujet, a été préparé comme un parcours, rythmé par des étapes proposant des modalités d’expression différentes, permettant à chacun d’apporter sa contribution. Ainsi, à partir du texte biblique, le centre de gravité sera déplacé de l’expert à l’assemblée, rendue capable de penser, d’interpréter et d’expérimenter. Ce même basculement, que l’on retrouve entre l’étude biblique et l’animation biblique, a été pensé par une équipe constituée de Madame Corinne Bitaud et des pasteurs Luc-Olivier Bosset, Elian Cuvillier, Hans Lung et Sophie Schlumberger, mandatés par le Conseil national. À l’origine de ce sujet synodal se trouve un vœu adopté par le Synode national du Lazaret en 2015.

Ce texte, produit et voté en séance par le Synode, demande de réfléchir à la manière dont l’Église peut répondre aux défis d’aujourd’hui. Cette demande a rencontré une autre préoccupation, celle sur la diversité des ministères, le pastorat n’étant qu’un type de ministère parmi d’autres, et sur la manière d’être ministre aujourd’hui. De fait, comme le signale la présidente du Conseil national dans le document préparatoire : Constat est fait des fortes convergences entre la préoccupation « faire communauté » et les préconisations de l’enquête sur les ministres. La manière dont « on fait communauté » interagit bien évidemment sur la manière « d’être ministre » et sur l’ensemble des ministères.

Parler d’Église conduit à parler de ministères et réciproquement. La question est bien évidement trop vaste pour en faire le tour en une seule fois. Ce Synode a donc été pensé comme une ouverture à ces questions, sans texte décisionnel, mais plutôt en proposant des pistes de réflexion à poursuivre, précise le même document.

Faire l’expérience ensemble de la communion

Le calendrier offrait une opportunité. Car, si pour 2019, le sujet synodal Les modifications des textes de référence était déjà fixé, celui de 2018 attendait son thème. Les Synodes régionaux de l’automne 2017 avaient travaillé sur leur propre vie régionale. Le Synode national 2018 devait donc travailler sur un sujet ne nécessitant pas d’étude par les Conseils presbytéraux et les Synodes régionaux. C’est ainsi que le Conseil national a choisi d’inscrire le thème de l’Église à l’ordre du jour. Le sujet des ministères sera, quant à lui, travaillé par plusieurs équipes en vue des Synodes régionaux 2020 et national 2021. Le sujet et le calendrier offraient une occasion d’animer différemment le thème et de le faire correspondre avec le type d’animation.

La pasteure Emmanuelle Seyboldt le résume remarquablement dans son introduction : L’objectif de ce Synode national sera de faire l’expérience ensemble de la communion pour repartir fondé, enraciné, à partir de différents élé- ments : partager des apports théologiques, lire la Bible, prier, célébrer, témoigner, apprendre à voir la beauté des petits riens, être Église ensemble (diversité des âges, diversité des niveaux de vie, diversité des cultures) avec le souci des plus fragiles (âge, handicap, insertion)… bref vivre le Synode comme ce qu’il est : un temps fort de notre vie d’Église. La communauté est un cadeau de Dieu pour nous. Nous ne choisissons pas ceux qui partagent avec nous le pain et le vin, ils nous sont donnés. À nous d’en découvrir la richesse.