Un synode aride ? Certainement pas ! Le thème de cette session est : Vivre ensemble, la révision des textes de références.
Le Synode national est l’instance la plus importante dans l’organisation de l’Église protestante unie de France, car il prend toutes les décisions qui engagent l’ensemble des Églises protestantes unies. Après l ’union des deux Églises pour aboutir à l’Église protestante unie de France, communion luthérienne et réformée, et une première version des textes relatifs à sa création (Constitution, statuts de l’union nationale et statuts-type des associations cultuelles), le Conseil national a proposé aux différents Synodes régionaux des suggestions de modifications, d’améliorations, c’est-à-dire d’ajustement.
Après un temps d’expérimentation de la constitution dans les Églises locales et les paroisses, les conseillers presbytéraux, via les délégués à leur Synode régional, ont discuté et fait remonter des propositions de modifications, soit de forme soit de fond. Pour la Région parisienne réformée, le sujet a été préparé, en amont, lors du Synode régional de Dourdan (novembre 2018). Comme l’explique le pasteur Bertrand de Cazenove, président du Conseil régional pour la Région parisienne réformée, les principales décisions prises à Dourdan et rédigées par les deux rapporteurs, les pasteures Anne Petit et Dorothée Gallois-Cochet, avaient été réparties en trois parties : d’une part les « nouveautés », d’autre part les modifications des textes initiaux, certaines étant substantielles et d’autres ne l’étant pas. La nouveauté majeure est « la possibilité, pour les pasteurs, de prendre un temps sabbatique, détaille Joëlle HerchtelJornod, secrétaire du Conseil régional et déléguée au Synode national.
Ce projet est né au sein de la commission des ministères et un groupe de travail a proposé la possibilité d’une prise de recul de quatre mois, après une période de 10 ans de ministère, afin de revenir au fondement de la vocation du ministre, pour mieux habiter sa vocation ». Les modalités concernant cette demande ainsi que sa mise en œuvre ont été exposées et les implications discutées. Des modifications des textes portant sur le rôle de discernement des Conseils presbytéraux à propos des ministères locaux ainsi que leur reconnaissance ont été également transmises. Enfin, concernant tous les conseils et commissions, une règle de non-éligibilité relative aux membres d’une même famille, ascendants ou descendants, frères et sœurs a été demandée.
L’ordre du jour 2019
Le pasteur Daniel Cassou, responsable de la communication pour l’Église protestante unie de France, est en charge du dossier de presse et dresse les principales lignes de ce synode. Le thème général est celui du « vivre ensemble », particulièrement important du fait du regroupement des réformés et des luthériens. Cela nécessite de réévaluer les textes de référence, concernant à la fois la vie spirituelle et la vie financière des églises. Le fait qu’en 6 ans on a enregistré, de manière globale, une baisse de 8 % du nombre de foyers actifs dans les paroisses a entraîné la nécessité de trouver de nouvelles formes de vie paroissiale, par exemple des cultes en semaine, une amélioration de l’accueil des nouveaux membres, une meilleure prise de conscience de cette situation de la part des conseils presbytéraux, une remise à plat de certaines pratiques. Au plan financier, la communication a été repensée, et concrètement, il a été demandé, pour la première fois, de réduire le train de vie, les dépenses, à tous les niveaux, paroisses, régions, Union nationale.
Certaines associations cultuelles vont être amenées à se regrouper pour mutualiser leurs moyens : c’est le cas en Cévennes – Languedoc – Roussillon, en Centre – Alpes – Rhône, et dans la Région Ouest. Dans le cas de paroisses luthériennes, celle de Lyon sera rattachée à Centre – Alpes – Rhône, celle de Nice à Provence – Alpes – Corse – Côte d’Azur. De nouvelles propositions seront soumises à l’approbation des délégués, par exemple un accompagnement des pasteurs qui souhaitent arrêter leur ministère et se reconvertir ; enfin le Synode national accueillera les nouveaux ministres (5 proposants cette année, un de la région parisienne) afin de les sensibiliser au « vivre ensemble » de cette grande famille.
Zoom sur la paroisse de Grenoble
Philippe Sautter, président du Conseil presbytéral de la paroisse de Grenoble, en donne les principales caractéristiques. Il s’agit d’une « grosse paroisse », 4 pasteurs, 1500 foyers, 420 membres électeurs c’est-à-dire des paroissiens réguliers et, historiquement une forte orientation diaconale et d’autre part une activité œcuménique très développée, depuis au moins 50 ans, avec en 1968 les JO d’hiver. Les paroisses protestante, catholique et anglicane travaillent ensemble, et c’est le centre œcuménique Saint-Marc qui va accueillir le synode, équipé d’une grande salle de 300 personnes ainsi que tout le dispositif nécessaire pour les pauses et le grand culte final. L’hébergement a été en grande partie pris en charge par les paroissiens, ce dont il se félicite. (50 synodaux logés à l’hôtel, les quelque 150 autres chez l’habitant, ce qui était une gageure !)
Un point concernant les luthériens
Jean-François Breyne, vice-président du Conseil national, et pasteur de la paroisse luthérienne de Saint-Jean (Paris 15e ) souligne un point de l’ordre du jour du synode qui lui parait important : la formation de la Région unie Est-Montbéliard, regroupant les paroisses luthériennes et réformées. L’expérimentation débutée il y a 6 ans va être prolongée encore pour une période expérimentale de 8 ans au terme de laquelle d’autres régions pourront s’inspirer de ce premier modèle, pourquoi pas la région parisienne.