Un jour on sortira, on sortira et on sera contents de croiser des vieux dans la rue, de faire la queue trois plombes derrière eux dans les supermarchés et d’attendre avec eux dans une salle d’attente bondée… On les remerciera d’être vivants !
Un jour on sortira et on embrassera le voisin grincheux qui mettait toujours sa poubelle en travers du chemin… D’ailleurs depuis il ne le fait plus et il sourit parfois…
Un jour on sortira et quand nos enfants rentreront de l’école, ils auront dans leurs cartables des dessins de super héros : le docteur, la maîtresse, l’éboueur, la caissière et le livreur…
Un jour on sortira et on trouvera beaux tous ceux que l’on croisera dans la rue – même les moches – parce qu’ ils seront vivants.
Un jour on sortira et on ira boire un café en terrasse, on fermera les yeux pour savourer cet instant.
Un jour on sortira pour aller faire les courses pour de vrai et on échangera des sourires complices au rayon « pâtes » et au rayon « PQ », on se comprendra sans se parler.
Un jour on sortira et on pardonnera à ceux qui nous ont fait du mal parce-qu’ils auraient pu ne plus être là ; on demandera pardon à ceux qu’on a blessé du temps de notre insouciance, de notre indifférence …
Un jour on sortira et on se souviendra du temps qui a passé – si lentement pour une fois – des livres qu’on a lu, de ceux à qui on a parlé au téléphone, de toutes les blagues échangées par SMS, par mail et par wathsapp.
Un jour on sortira et on essaiera d’oublier les cris qu’on a poussé sur nos enfants, les exaspérations, les impatiences et les attestations de sortie et on pensera souvent à ceux qui vivent ça tous les jours, à ceux qui sont confinés sous les bombes.
Un jour on sortira et certains mots auront pris un nouveau sens : famille, amis, proches, collègues, enfants, parents ou genre humain tout simplement
Un jour on sortira et on essaiera de s’aimer…