Deux tiers de laïcs et un tiers de pasteurs venus de toutes les régions, une salle comble et la retransmission de la journée en temps réel sur internet : le congrès fondateur des Attestants s’est tenu ce samedi 16 janvier au Centre international Maurice Ravel à Paris rassemblant plus de 250 membres de l’Eglise protestante unie de France (EPUdF). Avec pour objectif de « fédérer, dans l’EPUdF, un mouvement de chrétiens attestant leur foi en Jésus-Christ Seigneur et Sauveur, soucieux de l’autorité souveraine de la Parole biblique pour la vie des croyants, priant pour le renouveau de cette foi au sein de l’Église protestante unie de France, et œuvrant pour la croissance de l’Église ».

Le projet a vu le jour en juin dernier après la décision de l’EPUdF d’autoriser ses pasteurs à bénir les couples de même sexe. Une décision qui, à ce jour, ne semble pas avoir connu de réel succès auprès des intéressés mais qui a alors ouvert une dispute – dans tous les sens du mot – au sein du protestantisme français. Entre évangéliques et luthéro-réformés et, parmi ces derniers, entre libéraux et futurs attestants.

Le texte fait loi

Interrogé par Protestinter quelques jours avant le congrès, le pasteur Gilles Boucomont, l’un des fondateurs du courant des Attestant, expliquait : « Ce n’est pas l’opposition à la bénédiction des couples de même sexe qui nous a mobilisés – d’ailleurs la plupart d’entre nous n’en demande pas l’abrogation – mais le fait que, pour la première fois dans l’histoire du protestantisme français, une telle décision ait été prise malgré les textes bibliques la condamnant. Cela montre que, pour certains protestants, la Bible ne fait plus autorité et que, pour eux, l’approche critique de ses textes est devenue un dogme. Dès lors, toute autre lecture de la Bible est entachée de soupçons. »

Le coupable ? Le courant libéral qui, selon les Attestants, tiendrait les rênes de l’EPUdF et de ses facultés de théologie. « Le libéralisme protestant, c’était à l’origine l’idée qu’il fallait réfléchir à ce que l’on croit, poursuit Gilles Boucomont. Aujourd’hui, c’est d’être le moins en retard possible sur la société, d’être des chrétiens moins ringards que les cathos. Le protestantisme est ainsi devenu le faire-valoir de la pensée unique, la bonne conscience du christianisme. Le protestantisme n’est plus que sociologique. On a gardé la culture mais pas la sève ».

Réaffirmer les bases

Un an avant le 500è anniversaire de la Réforme en 2017, les Attestants entendent donc en réaffirmer les bases – Sola Gratia, Sola Fide, Soli Deo Gloria, Solus Christus, Sola Scriptura – et devenir, grâce à un nouvel élan missionnaire, un ferment de réveil pour l’EPUdF en contribuant, selon sa déclaration d’intention, activement à ses réflexions théologiques, expériences d’Église, et instances décisionnelles. […]