Elle s’occupe aujourd’hui de plus de 2 000 personnes placées sous mesures de tutelle ou curatelle.

Fondée en 1989 par la Fédération protestante des oeuvres, la première implantation en 1991 de cette association est située à la maison de retraite de la Muette pour être au plus proche des personnes prises en charge. Elle s’est ensuite déployée dans Paris, les Yvelines et le Val de Marne. L’ATFPO est ainsi organisée en six antennes, chacune gérant entre 300 et 350 « mesures de protection » comme sont appelées les décisions de justice. En effet, 350, c’est le nombre de situations qu’une personne peut connaître dans le détail autour de lui, famille, amis et aussi travail. « Nous avons voulu que les antennes soient à taille humaine », précise son directeur, Didier Prévôt, « que chacun puisse se faire appeler par son nom et être connu dans sa situation ». Une septième antenne pourrait voir le jour si les fonds le permettent. Cela ne dépend pas directement de l’association, dont la priorité reste la défense des intérêts des personnes protégées. Mais le désinvestissement financier de l’État dans ce domaine est palpable récemment, se déportant y compris sur les plus faibles financièrement.

La confiance, le maître mot

« Dans notre fonctionnement, le maître mot est la confiance » rappelle Didier Prévôt. « Nous savons qu’il est parfois difficile pour une personne ayant lutté pour son autonomie, sa vie durant, de donner son chéquier et ses moyens de paiement. Nous ne faisons qu’appliquer une décision. Nous essayons de le faire dans l’accompagnement ». Cela se traduit notamment par l’indication des voies de recours pour les personnes ne désirant pas la mesure. « Souvent, une confiance finit par s’instaurer, même si effectivement nous sommes parfois mal perçus au démarrage », témoigne le directeur. Cette mauvaise image, il la met aussi sur le compte d’erreurs de jugement qui peuvent venir de la maladie elle-même. « Pour certains avoir vingt euros, cela signifie avoir vingt euros pour la nourriture et toujours vingt euros pour l’habillement et encore vingt pour un voyage… alors ils ont l’impression d’être spoliés. Mais nous sommes là pour les accompagner dans la gestion de leur budget ». La reconnaissance existe aussi. « Certains souhaitent expressément que nous nous occupions de leur proche. La décision n’appartient ni à eux, ni à nous », précise le directeur, « il faut le demander au juge des tutelles ».

Une des spécificités de l’association est de continuer à utiliser des bénévoles pour des missions particulières : faire les courses ou aller chez le médecin, mais aussi pour accompagner un commissaire-priseur lors d’inventaires de biens. Bien sûr, le bénévole n’intervient que sur ordre de mission. Le professionnel, mandataire de l’autorité du juge, reste responsable. Parmi ses projets, l’association veut développer une aide aux tuteurs familiaux. En effet, comme cela était prévu lors de la loi du 5 mars 2007 portant réforme du droit des incapables majeurs, ce sont les familles qui devaient prendre en charge leurs proches et non des associations. Depuis cela s’est professionnalisé, mais pour les membres des familles en responsabilité, il est parfois utile d’avoir des conseils, une assistance pour aider à la rédaction d’un rapport… Cette connaissance, formation et soutien, l’ATFPO se propose de la fournir aux personnes en responsabilité. Le lien avec le protestantisme se fait surtout, comme beaucoup d’associations très professionnalisées, par le conseil d’administration où siègent d’ailleurs le gérant de tutelles de la Fondation John Bost et un membre de la Fondation des diaconesses de Reuilly. Ces deux fondations ont d’ailleurs permis à l’association de bénéficier d’une fondation abritée dans la Fondation pour le protestantisme.