A côté des cantiques sagement rangés les uns à côté des autres, des tables garnies de fruits et légumes ont pris place à l’entrée du Temple Neuf, ce samedi matin de mars. Autour, une vingtaine de personnes s’active : c’est jour de retrait des commandes pour la coopérative du Jardin du Temple Neuf.

Créée par la paroisse, mais ouverte à tous, cette « coop » est née cet hiver après un an de réflexion. « À l’origine, c’était un projet avec le groupe de jeunes, détaille Rudi Pop, pasteur du Temple Neuf. Nous voulions convertir un terrain goudronné en jardin grâce auquel nous produirions un certain nombre de choses. » Trop compliqué à mettre en œuvre, le projet évolue finalement pendant le premier confinement en coopérative, grâce au soutien de Quentin d’Alexis, étudiant dans la filière éco- conseil à l’Insa de Strasbourg, en stage dans la paroisse à ce moment-là. 

Un autre rapport à la communauté

Le principe est simple : grâce aux commandes groupées et à l’absence d’intermédiaire, les membres de la coop bénéficient de prix avantageux sur un catalogue de produits (fruits et légumes de saison, fleurs, chocolats, pâtes, etc.). En contrepartie, ils donnent de leur temps pour faire vivre la coopérative. Ce peut-être en assurant les permanences en semaine, ou en aidant à préparer les paniers ou à décharger les légumes – dès 5h – le samedi du mois consacré au retrait des commandes. « On cherche une qualité dans les produits, poursuit Rudi Pop. Ils sont bio, locaux ou issus du commerce équitable. » Pour le pasteur, il y a des arguments théologiques en faveur d’une consommation responsable. « Le rapport à la nourriture dans la tradition chrétienne n’est pas neutre. Nous avons une responsabilité vis-à-vis de ce que nous choisissons de manger », et donc, vis-à-vis de l’impact qu’ont ces choix. Selon Rudi Pop, cette initiative est aussi une façon de créer « un autre rapport à la communauté, au vivre-ensemble » avec le mieux manger pour enjeu.

Les membres de la coop sont amenés à faire vivre cette initiative en fonction de leur temps, de leurs envies, de leurs moyens. « Le Jardin du Temple neuf est ouvert à tous, sans distinction d’ordre philosophique ou religieuse », insiste Jean-Luc Sadorge, président de la coopérative. Depuis la première distribution, en février, l’initiative a séduit environ 70 foyers. « Nous espérons pouvoir compter 200 membres au printemps, conclue le président. À partir de 250, nous pourrons envisager d’ouvrir un magasin ». Le Jardin poursuivra alors son essor dans l’église, ou plutôt au-dessous, dans un local situé au sous-sol.