Le drame de Charlie Hebdo a replacé le blasphème au premier rang de l’actualité. Les caricatures de Mahomet réalisées par les dessinateurs du journal satirique ont largement justifié, pour les criminels de l’Etat islamique, les assassinats qu’ils ont perpétrés ce sinistre mercredi 7 janvier 2015. Pour le monde civilisé, le slogan «Je suis Charlie» est devenu tout au long de l’an passé le cri de ralliement à l’idéal laïc contre l’obscurantisme assimilé au fondamentalisme religieux. Jacques de Saint Victor, historien du droit et professeur à l’Université de Paris XIII et au CNAM, revient donc fort à propos sur ce concept qui remonte à la nuit des temps, et est toujours présent dans notre vie politique.

Le blasphème, selon le dictionnaire Larousse par exemple, est une «parole ou un discours qui outrage la divinité, la religion ou ce qui est considéré comme respectable ou sacré». Le blasphème se distingue du sacrilège parce qu’il ne se traduit pas en actes; et il ne s’attaque pas directement aux croyants, mais à leur croyance. L’auteur fait remonter l’origine du blasphème au livre du Deutéronome (5,11) qui dit: «tu ne prononceras pas à tort le nom de Yahvé ton Dieu car il ne laisse pas impuni celui qui prononce son nom à tort». Le paradoxe, bien analysé par l’auteur, est que Jésus fut condamné à mort par le Sanhédrin pour blasphème, en se présentant comme le fils de Dieu. […]