« Antakya finish. » Joignant le geste à la parole, le chauffeur de taxi tire un trait définitif de la main dans le vide. Le vide, c’est bien ce qui caractérise Antakya quatre mois après les tremblements de terre qui ont sévèrement touché le sud et le sud-est de la Turquie. Cette phrase et ce même geste reviendront tel un leitmotiv chez nos interlocuteurs les jours suivants. Car que reste-t-il de cette ville multiconfessionnelle, autrefois célèbre pour son quartier historique, très touristique ?
Située sur une bande de terre longtemps disputée à la Syrie (Alep n’est qu’à une centaine de kilomètres), séparée de la mer par la montagne, Antakya, appelée aussi Hatay, n’offre plus que le visage balafré d’une terre en souffrance. En ce jour de mai, il fait beau, il fait chaud. L’Oronte continue de couler des jours tranquilles sous un ciel sans nuage. Le pont qui relie la ville au charmant […]