Alors que le Salon international de l’Agriculture ouvrira ses portes dans trois jours, Gabriel Attal a présenté les “principales orientations” du projet de loi agricole, mercredi 21 février. En conférence de presse, le Premier ministre a multiplié les annonces, dans le but de rassurer les agriculteurs. “Les aides [promises le 1er février] ont été versées, des simplifications ont été réalisées, des textes ont été publiés”, a-t-il commencé par rappeler. Une manière de dire qu’il n’était pas resté les bras croisés depuis trois semaines et de gagner la confiance de la profession. “Je suis parfaitement lucide sur le fait que les agriculteurs veulent le voir pour y croire”, a néanmoins admis le chef du gouvernement.
Il a ensuite assuré que “100 % des chantiers ont été ouverts”, faisant ainsi référence aux 62 mesures promises. “En trois semaines, nous avons abouti ou sommes sur le point de le faire pour huit engagements sur dix”, a-t-il chiffré. Premier “acte fort” mis en avant : “L’objectif de souveraineté agricole et alimentaire”.
Augmenter les revenus des agriculteurs
La hausse des revenus des agriculteurs est une autre priorité. Pour y parvenir, le gouvernement compte sur la loi Egalim. “C’est une fierté française d’avoir inscrit dans la loi la protection du revenu des agriculteurs”, a souligné le Premier ministre. Et ce, même si celle-ci doit être renforcée. La multiplication des contrôles sur l’origine des produits alimentaires va dans ce sens. “Un nouveau projet de loi pour renforcer encore les choses sera présenté d’ici l’été”, a ajouté Gabriel Attal.
Puis, il a insisté sur “la place des indicateurs de coûts de production” et “les centrales d’achats européennes”. La France a, en effet, obtenu l’ouverture d’un dossier d’un Egalim à l’échelle européenne. À ce propos, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a souligné que 150 agents de la DGCCRF étaient mobilisés, dans le but de multiplier les contrôles par deux. Sur 1 400 contrôles effectués sur les produits proposés par les 200 plus grands industriels et cinq grands distributeurs “150 cas de non-conformité” ont été repérés. Il a également été rappelé aux centrales d’achat européennes qu’elles doivent respecter les lois nationales, a insisté Bruno Le Maire. Ainsi, “un produit vendu en France doit respecter les règles de la loi française”. Les deux centrales n’ayant pas respecté les dispositions de la loi Egalim ont reçu “des préamendes pour des montants qui se chiffrent en dizaines de millions d’euros. Elles ont deux mois de contradictoire. Au terme de ces deux mois, les sanctions seront définitives”, a annoncé le ministre.
Allégement des cotisations
Reconnaissant l’existence de grandes inquiétudes à la suite de la réforme de la politique agricole commune (PAC) en 2023, Gabriel Attal a déclaré : “À l’heure à laquelle je vous parle 99,61% des aides ont été versées aux agriculteurs et nous serons à 100 % d’ici au 15 mars.” Pour aider les exploitations à devenir plus compétitives, il a listé deux mesures : l’exonération de cotisations patronales pour la quasi-totalité des emplois agricoles dès l’année 2024 ; la reconnaissance de la production agricole française comme étant un secteur en tension pour faciliter l’attribution de visa pour les saisonniers. Les éleveurs, eux, profiteront d’aides spécifiques. Une disposition permettant d’alléger leurs cotisations est en cours de finalisation, selon Gabriel Attal. “Ce sont 150 millions d’euros qui sont mobilisés”, a-t-il précisé.
Quid de la protection des agriculteurs face à la concurrence déloyale ? “Nous nous battrons produit par produit (…) si c’est interdit pour nos agriculteurs, ça ne doit pas rentrer chez nous« , a rassuré le Premier ministre. Dans son viseur figure notamment, un néonicotinoïde interdit depuis 2020 en Europe, mais régulièrement présent dans les produits importés. Toujours dans le but d’en finir avec la crise agricole, il a prolongé la pause sur le plan Ecophyto. Pour suivre la réduction de l’utilisation de pesticides, l’indicateur européen servira de norme, afin “d’éviter toute surtransposition”. Une décision mal perçue par les ONG environnementales et la Confédération paysanne, troisième syndicat.
Favoriser le renouvellement des générations
Gabriel Attal voit dans le projet de loi agricole un moyen de favoriser le renouvellement des générations. “Il ouvre la question d’un droit à l’essai pour les agriculteurs” et “plusieurs autres mesures ont été actées”, a promis le chef du gouvernement, rappelant qu’une mission a été lancée. Ainsi, en plus du cumul des exonérations sociales, des actions sur le foncier, deux milliards d’euros de prêts garantis par la puissance publique sont accessibles dès maintenant.