A l’occasion du 65e anniversaire du Burkina Faso indépendant, les autorités de transition, conduites par le capitaine Traoré, viennent d’honorer un couple emblématique de l’évangélisme africain francophone, Mamadou Philippe Karambiri et Hortense Karambiri (Centre International d’Evangélisation de Ouagadougou). Retour sur l’événement.

Dans la francophonie protestante postcoloniale, le couple pastoral Mamadou et Hortense Karambiri, basé au Burkina Faso fait partie des cadres de référence. Ils ont inspiré, et inspirent toujours, des générations de pasteurs, d’évangélistes et de missionnaires. Déjà présentés dans ce Fil-info Francophonie (1), Mamadou et Hortense Karambiri conduisent la plus grande Église du Burkina Faso à Ouagadougou, le Centre International d’Évangélisation (CIE), d’orientation pentecôtiste postcoloniale, fondé en 1987.

Le CIE est aujourd’hui au cœur d’un réseau de plus de 400 Églises CIE présentes au Burkina Faso mais aussi dans seize pays d’Afrique, en Europe et en Amérique du Nord. Emblématique d’un évangélisme africain décomplexé, prosélyte, diaconal, pentecôtiste, engagé dans la société, il a été une nouvelle fois honoré par les plus hautes autorités du Burkina Faso, il a quelques jours, le 8 décembre 2023, via ses fondateurs. C’était à l’occasion des célébrations officielles du 65e anniversaire du Burkina Faso (originellement Haute Volta).

Ancienne directrice pour le Niger de World Vision, pasteure et autrice, Hortense Karambiri a ainsi été décorée du prestigieux grade de commandeur de l’ordre de l’étalon, en reconnaissance de son investissement chrétien au service de la population. Quant à Mamadou Karambiri, pasteur, apôtre de la Mission Intérieure Africaine et fondateur du CIE, il a reçu le grade de Grand Officier de l’ordre national de l’Étalon, la distinction civile la plus élevée que l’on puisse recevoir au Burkina Faso. Il avait été précédemment décoré de la médaille de chevalier de l’ordre national (2005), officier (2011) et commandeur (2015). Depuis Thomas Sankara, « petit frère » avec lequel Mamadou Karambiri joua dans la même équipe de handball, il en a vu passer, des présidents du Faso ! Mamadou Philippe Karambiri, ancien musulman converti au christianisme, est resté un père et un repère respecté pour la population burkinabè. Quelles que soient les alternances politiques, il n’a pas dévié du cap qu’il s’est fixé, a su éviter les scandales et dérives qui marquent certaines Eglises de réveil. Les autorités de la nation lui en sont gré.

Le pasteur Karambiri déclara, à l’occasion de la remise des insignes de commandeur : « Nous faisons appel à la jeunesse afin que la jeunesse soit une jeunesse militante, combattante, une jeunesse engagée, qui travaille vraiment pour le meilleur devenir du pays (…) sur le terrain du développement du Burkina (…) J’appelle la jeunesse à suivre ce chemin-là » (2). C’est le Capitaine Ibrahim Traoré, Chef de l’État du Faso, Président de la Transition, Grand maître des Ordres burkinabè, qui a félicité en personne les deux récipiendaires ainsi honorés. Un geste fort qui marque que par-delà les aléas politiques, l’engagement chrétien de Mamadou et Hortense Karambiri contribue, aux yeux de l’Etat, à construire le Burkina Faso et l’Afrique chrétienne postcoloniale de demain. Dans un paysage géopolitique régional troublé, débarrassé désormais de ses derniers relents de françafrique, nul doute que les autorités nationales du Faso restent plus que jamais attachées à valoriser l’apport des groupes religieux africains qui s’engagent au quotidien pour la population.

(1) Lire Mamadou Karambiri, ex-musulman devenu « apôtre » au Burkina Faso (Fil-info Francophonie, portail Regardsprotestants, 7 novembre 2014) et Hortense Karambiri, l’expertise et la foi, Fil-info Francophonie, portail Regardsprotestants, 29 juillet 2018)

(2) Cité dans Percide Gayeri Tindano, « Décorations du Pasteur Mamadou et du Docteur Hortense Karambiri », chaîne Youtube RPC ImpactTV, postée le 10 décembre 2023