L’Église évangélique luthérienne de la République centrafricaine (EELRCA) est soutenue par l’UEPAL via le Défap. Son président et son administrateur étaient en Alsace en mars pour faire connaître ses actions.
« Quand une guerre éclate, c’est brusque, mais que la paix revienne nécessite beaucoup de temps », déplore Samuel Ndanga Toue, président de l’EELRCA depuis 2015. Cette Église de près de 120 000 membres dont 84 pasteurs, implantée dans les années 1930 et indépendante depuis 1973, n’est pas la seule à travailler à la réconciliation des différentes composantes de la République centrafricaine. Pour cela « il existe une plateforme regroupant catholiques, protestants et musulmans », se réjouit le pasteur. Selon lui, un « discours simplificateur, consistant à dire qu’il s’agissait d’un conflit religieux entre musulmans et chrétiens » a accompagné le conflit d’il y a cinq ans. Celui-ci opposait d’un côté la Seléka, coalition de partis politiques et de forces rebelles, souvent originaires de pays voisins et opposée au président Bozizé, plutôt musulmane, qui a permis l’accès au pouvoir par coup d’état de Michel Djotodia ; de l’autre côté les anti-balaka, une milice d’autodéfense formée des paysans locaux que l’État ne protégeait plus des exactions, plutôt chrétiens et animistes.
Un soutien matériel et psycho-social
Aujourd’hui l’État peine à se reconstruire et des régions entières sont encore contrôlées par des milices qui font régner la terreur. Par ailleurs, parmi le million de Centrafricains déplacés à l’intérieur de leur pays ou réfugiés dans l’un des pays voisins, plus de la moitié n’est pas revenus chez elle. L’une des actions de l’EELRCA consiste à accompagner les victimes de violences, notamment les femmes et les jeunes. Une formation de formateurs, avec pour thème « Guérir du traumatisme », a été mise sur pied dans ce but. « Cette prise en charge psycho-sociale est destinée à l’ensemble de la population, aussi les musulmans. Cela leur redonne confiance et leur permet de comprendre les enjeux de ce qui s’est passé », explique le président de l’Église.
Par ailleurs, l’EELRCA est engagée dans le soutien envers les populations marginalisées que sont les citoyens pygmées. Évangélisation, construction d’une école, aide à l’accès à des métiers essentiellement liés à l’agriculture et à l’élevage, permettent à ces personnes de « retrouver leur dignité d’enfants de Dieu alors qu’elles sont souvent considérées comme des sous-hommes, donc maltraitées et exploitées », souligne Samuel Ndanga Toue.
Enfin, l’EELRCA est dotée d’une école théologique. Dirigée par l’une des trois femmes pasteures de l’Eglise, elle accueille une quinzaine d’étudiants par promotion. Ils logent sur place avec leurs familles et sont soutenus financièrement par leurs paroisses. Grâce à la CLCF 2, l’école peut équiper sa bibliothèque.
« Actuellement, notre Église fonctionne grâce à nos partenaires extérieurs ; nous souhaitons devenir de plus en plus autonomes », espère, reconnaissant pour les aides apportées, son président.