L’invasion de l’Ukraine par la Russie, pas si loin de nos frontières, puis la guerre entre Israël et le Hamas, qui touche une zone sensible chez les chrétiens, ont interrogé les convictions pacifistes : n’est-il pas juste de soutenir les efforts de guerre, pour aider la victime de l’agression à vaincre l’adversaire ? Comment faire pour arrêter ces conflits qui s’enlisent ? Tout compte fait, ne vaut-il pas mieux en prendre son parti ?

Dépasser les fausses évidences

Le dernier Dossier de Christ Seul, On n’aime « guerre » que la paix – Qu’en disent les Églises pacifistes ?, prend à bras le corps ces questions. La première partie, écrite par Frédéric de Coninck, invite à réfléchir sur la problématique de la guerre et à dépasser les fausses évidences : sommes-nous bien placés et informés pour décider quel belligérant mène une action juste ? Quand bien même nous le saurions, cela permettrait-il de sortir du conflit ? Sommes-nous conscients qu’une guerre est le fruit d’un enchaînement de causes à effets qui remontent loin, donc qu’une réponse simple et rapide est utopique ? Réalisons-nous qu’une guerre qui engendre souffrances et humiliations est le terreau d’une autre guerre, dans un engrenage sans fin ?

Alors, que peuvent faire les chrétiens pour obéir au commandement de Jésus d’aimer leurs ennemis, face à un État dont la logique est tout autre ? S’il est difficile d’intervenir une fois les hostilités engagées, les chrétiens peuvent s’employer à les prévenir en construisant les conditions de la paix : en aval, en s’attachant à panser les blessures consécutives à la guerre, et en amont, en œuvrant à la résolution des conflits et des injustices, ferments des guerres, ce qui est un travail de longue […]