Jair Bolsonaro a encore crée la surprise : la veille du scrutin, ce dimanche 2 octobre, les derniers sondages donnaient encore 15 points d’avance à Lula, président de la République fédérative du Brésil jusqu’en 2011.

Les prévisions donnaient donc de bonnes chances à Lula de l’emporter dès le premier tour. Finalement, au terme du premier tour de l’élection présidentielle, Lula termine en tête avec 48,43 % des voix contre 43,2 % au chef de l’Etat d’extrême droite sortant, Jair Bolsonaro.

Comme le rappelle le documentaire, diffusé sur France 5, Jair Bolsonaro, un autre Brésil, réalisé par Laetitia Rossi et Ingrid Piponiot, lors de sa première élection présidentielle en 2018, Jair Bolsonaro a su séduire les élites comme les pauvres grâce en grande partie au lobby évangélique. Au Brésil, l’électorat évangélique est un enjeu important : le pays compte parmi sa population, en effet, près d’un tiers de protestants évangéliques.

Après son élection, certains évangéliques ont été grandement remerciés en étant nommés à des postes de choix au sein du gouvernement comme Damares Alves, pasteure évangélique et femme politique brésilienne. Damares Alves fut ministre des Droits de l’homme, de la Famille et des Femmes de 2019 à 2022. Selon le chercheur Stéphane Witkowski, président du conseil de gestion de l’Institut des hautes études de l’Amérique latine, « Damares Alves prétend défendre les droits des minorités, mais quand on reprend ses déclarations passées, elle est tout de même marquée par un discours idéologique très à droite et réactionnaire. »

Aujourd’hui, la situation paraît plus compliquée. Le soutien sans faille des pasteurs évangéliques commencent à s’affaiblir. Des divisions se font entendre parmi la vaste communauté, morcelée en de multiples courants.

Néanmoins, certains électeurs évangéliques de Lula préfèrent taire leur préférence pour éviter d’être montrés du doigt. Par exemple, Sergio Dusilek, pasteur évangélique dans une église baptiste de Rio de Janeiro, est actuellement dans une position difficile. Depuis qu’il a pris la parole lors d’un meeting de la campagne du candidat et ancien président de gauche Lula, le pasteur est ostracisé et fait face à de nombreuses critiques dans son entourage ainsi que sur les réseaux sociaux.

Car, même si les lignes bougent doucement, cette année encore, Jair Bolsonaro a obtenu, selon les sondages, la majorité des votes des évangéliques.

Environ 70 % des chrétiens évangéliques avaient voté pour Bolsonaro en 2018. En 2022, ils sont 50 % contre 32 % pour Lula.

Un second tour incertain aura lieu entre les deux anciens présidents le 30 octobre.