Trois prédateurs, Xi, Poutine et Trump, ont pris le pas sur les anciens maîtres du monde. Le temps des colonisateurs est révolu, bien qu’en France, nous en soyons encore à faire le deuil de cette identité dont la querelle avec l’Algérie est un symptôme. 

Le temps des prédateurs est venu et avec lui, la question de la mise en doute de l’État de droit, des valeurs démocratiques, de la recherche scientifique, de la solidarité, de la diversité, l’équité et l’inclusion (DEI). L’Ukraine n’est pas la seule proie. Bien des acquis des Lumières se trouvent menacés. Et même la proposition chrétienne ? 

À ce malheur de l’advenue des prédateurs s’en ajoute un autre, en effet. Leurs chiens de garde sont légions, et, sur le plan religieux, se nomment parfois évangéliques, orthodoxes, catholiques, sans que j’aie entendu à ce jour de leur part la moindre prise de position, y compris en France, qui démente leurs propos. Après avoir refusé l’esprit critique (celui de Réforme, comme le rappelait Emmanuel Macron !?), les acquis universels de la science, après avoir affirmé le créationnisme, le refus des droits des femmes à disposer de leur corps et la culpabilité de l’homosexualité, les voici votant et priant pour ces prédateurs avec ferveur. 

À quoi jadis le christianisme servait-il ? À justifier l’entreprise coloniale ? Horresco referens

Mais aujourd’hui, quand des orthodoxes encensent le tyran, quand des protestants focalisent leur effort sur la lecture symbolique, détournant le regard du monde, quand d’autres se laissent obséder par la morale, quand des catholiques demandent pardon, attendant encore un nouveau chef, le christianisme doit apprendre à se ressaisir et prendre position. En attendant le débarquement du royaume. À défaut, désormais, de celui des Américains.

François Clavairoly, pasteur, pour « L’œil de Réforme »

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