Lundi 17 juin, Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN), a dévoilé auprès du Parisien le programme de son parti en vue des élections législatives des 30 juin et 7 juillet. Si le pouvoir d’achat, le coût de l’énergie et la suppression du droit du sol sont des priorités, les droits des femmes ne sont pas évoqués dans ces propositions. Pourtant, le parti est parvenu à mobiliser un électorat féminin lors des élections européennes. Ainsi, Ipsos indique que le vote des femmes pour le RN a progressé de 10 points en cinq ans, passant de 20% des voix en 2019 à 30% en 2024.
Dans un entretien pour TV5 Monde, la chercheuse Rachel Silvera analyse les actions du Rassemblement national concernant les droits des femmes. Elle note que les votes du RN au Parlement européen ou à l’Assemblée nationale démontrent que le projet du parti est "vraiment antiféministe". "J’ai peur que le RN s’oppose à des avancées sociales, à des avancées progressistes, qui fait que dans ce monde, dans une vraie démocratie, le droit des femmes, le droit des minorités doit être reconnu, à sa juste place", redoute-t-elle.
Des votes du RN opposés aux droits des femmes
Sur X, anciennement Twitter, l’ONG Avaaz a développé comment le RN instrumentalise le droit des femmes. "Au Parlement européen, le parti lepéniste fait toujours obstruction aux réformes liées à la parité femmes-hommes. En particulier aux textes visant à instaurer l’égalité salariale", souligne-t-elle. En 2021, le RN a également voté contre un texte qui souhaitait lutter contre le harcèlement sexuel au sein du Parlement européen. Avaaz ajoute qu’en France, les députés RN se sont opposés au remboursement total de la contraception d’urgence.
Rachel Silvera n’est pas la seule à exprimer son inquiétude face à la montée de l’extrême-droite en France. Plusieurs associations féministes se mobilisent et organisent, dimanche 23 juin, "des alertes féministes partout en France pour appeler à faire barrage à l’extrême droite". Dans un communiqué publié le 12 juin, l’association Osez le féminisme écrit "l’extrême-droite n’est pas féministe". Ainsi, les partis d’extrême droite défendent l’idée que les migrants et les étrangers sont responsables de viols ce qui "détourne l’attention des violences sexuelles qui touchent toute la société" alors que "90% des victimes connaissent leurs agresseurs", explique l’association. "Partout où l’extrême droite est au pouvoir, l’accès des femmes à leurs droits reproductifs et sexuels recule", ajoute Osez le féminisme.
"Les droits des femmes sont toujours perdants"
L’association féministe de solidarité Equipop a publié, le 16 mai, un rapport intitulé Quand l’extrême droite avance, les droits des femmes reculent. Il pointe ainsi le gouvernement italien, dirigé par Giorgia Meloni, qui "promeut une vision nationaliste et ultra-traditionaliste de la femme et de la famille" et a "adopté des lois attaquant la parentalité et la filiation des familles LGBTQIA+, et mis en œuvre plusieurs mesures restreignant le droit à l’avortement, le rendant de facto inaccessible dans certaines régions du pays". Le rapport montre que la progression de l’extrême-droite dans plusieurs pays européens favorise un "retour de bâton". En effet, les avancées en matière de droits de femmes créent, en retour, des réactions violentes des "mouvements conservateurs et masculinistes". "Dans les discours et politiques d’extrême droite, les droits des femmes sont toujours perdants. Ils sont tour à tour ignorés […] insidieusement remis en cause […] ou ouvertement attaqués", alerte Equipop.