Je le confesse, j’ai cédé aux dernières tendances de la création par l’IA. Oui, j’ai transformé ma photo de profil « façon studio Ghibli », et oui, j’ai créé ma « Barbie sophrologue », avec ses accessoires craquants. Sous mes yeux émerveillés, j’ai vu se dessiner un autre moi, aussi girly qu’égotique. Passés les premiers effets de surprise, comme beaucoup de monde, j’ai eu mauvaise conscience, et même un peu honte. Honte de m’être laissée emporter par un effet de mode un peu stupide, et honte de réaliser que ces bêtises avaient eu un impact majeur sur l’environnement, en particulier sur la consommation d’eau qui sert à refroidir les serveurs qui tournent à pleine puissance pour générer tous les « starters packs » que nous avons vu passer. Je ne parle même pas du coût éthique sur la création…

Le digital nous enflamme

Nous savons déjà depuis longtemps que l’économie numérique pèse sur l’environnement. Produire ou regarder une vidéo YouTube, stocker les milliards de photos que nous prenons chaque jour avec nos portables, jouer en streaming ou même sur notre portable pour aligner des bonbons virtuels entre deux stations de métro impacte la production de matières premières, nécessite de produire encore plus d’énergie et d’utiliser de plus en plus d’eau.

Si vous voulez vous faire une idée du lien entre le digital et les émissions carbone, vous pouvez l’évaluer en fonction de vos propres utilisations sur le site de l’ADEME.

On a longtemps pensé que la dématérialisation de la musique, des livres et autres supports physiques (courriers, formulaires…) étaient la réponse à l’exploitation des ressources que la Terre peut fournir. Il semblerait qu’il n’en soit rien. Et l’intelligence artificielle vient encore accentuer cette pression, car à l’évidence, cet outil va s’inscrire dans la durée dans nos habitudes. Aujourd’hui, notre traitement de texte, notre moteur de recherche, la fonction appareil photo de notre téléphone intègrent automatiquement de l’IA, sans que l’on ait rien demandé.

Les principaux acteurs mondiaux (Open Ai, Anthropic, Google, Amazon…) ont entamé une course à la performance des solutions qu’ils proposent : plus rapides, plus fiables, plus attractives, encore plus fonctionnelles, en connectant même des IA entre elles pour créer des automatisations.

Si la génération de texte n’impressionne plus personne, des applications plus adaptées à chaque métier sont en train de se développer. Les utiliser donnent aux professionnels une longueur d’avance sur leurs concurrents, et certainement une économie de temps, donc de productivité.

De nombreuses entreprises confient désormais systématiquement à l’IA la veille marketing sur leur marché, la gestion de leurs stocks et la prévision de leurs approvisionnements, le suivi de leurs retours clients ou la pré-sélection de candidats à l’embauche.

En ce qui me concerne, j’utilise l’IA pour faire des recherches dans un domaine précis, ce qui me fait gagner du temps et m’aide à sélectionner les sources sur lesquelles j’ai envie d’appuyer ma réflexion, avant d’écrire un article. Sources qu’il convient toujours de vérifier, au risque d’avoir de mauvaises surprises. Je viens de découvrir que je pouvais créer facilement un chatbot pour répondre aux questions des clients de mon cabinet entre deux séances. Un service qui n’était auparavant accessible qu’aux très grandes entreprises, disposant d’un budget conséquent. Je dois avouer que cette possibilité m’a laissé entrevoir bien des perspectives… Avoir un assistant, non pas pour me remplacer, mais pour faciliter la prise en main par mes clients des techniques que je leur transmets me semble pertinent pour la mise en application, constitue un vrai critère de professionnalisme  et une valeur ajoutée indéniable par rapport à mes collègues. Je pense que je n’en suis qu’aux débuts des pistes qui s’offrent à moi, et cela donne autant le vertige que cela interroge : jusqu’où aller ?

Une IA sobre ?

A partir du moment où la technologie est accessible, nous sommes légitimes à nous en emparer. Refuser l’IA équivaudrait à rejoindre les rangs des cassandres qui ont prédit jadis les malheurs que constituerait l’utilisation de la voiture, des satellites ou d’internet.

En revanche, doit on lâcher les chevaux, baisser les bras et tout laisser passer, dans la mesure où « tout le monde fait pareil » ? Les géants de l’IA sont-ils prêts à s’auto-réguler – comme l’a fait Open AI en limitant la « ghiblisation » des images il y a quelques jours ? Compte tenu des sommes en jeu, on peut en douter.

Il va bien falloir faire des arbitrages. Et cela appartient à chacun, toujours avec la logique du colibri : chaque petite action compte.

Avant de partir bille en tête dans une utilisation facile de l’IA, ne devrais-je pas me poser la question de sa réelle utilité ? Partout, des voix s’élèvent pour nous inciter à la sobriété, à la prise de conscience, et à la responsabilité. Il va falloir apprendre à se servir correctement de ce nouveau monstre, si nous ne voulons pas qu’il nous engloutisse.

On suggère déjà une utilisation conforme à la puissance de l’outil. Inutile, par exemple, de poser à ChatGPT une question à laquelle un moteur de recherche va pourvoir répondre aussi bien – et en consommant moins. En créant d’entrée de jeu des prompts précis et bien ciblés, on évite également de partir dans des discussions trop longues et énergivores. Et puis il faut accepter de mettre parfois sa flemme de côté en travaillant à l’ancienne : en réfléchissant, comme je l’ai fait pour cet article.

Concernant le chatbot, j’ai décidé que j’allais en développer un, mais principalement pour ceux de mes jeunes clients qui ont le plus besoin d’être soutenus dans leur évolution – notamment ceux qui ont un trouble de l’attention. Les autres peuvent relire leurs notes !