Que s’est-il passé ?

Lundi 1er février, l’armée birmane a repris le pouvoir lors d’un coup d’État. A l’aube dans la capitale Naypyidaw, lors d’une vaste opération, le président birman, Win Myint, et plusieurs hauts représentants du parti au pouvoir ont été interpellés. L’armée s’est emparée de l’hôtel de ville de Rangoun, la capitale économique du pays, et l’accès à son aéroport international a été bloqué.
La cheffe du gouvernement civil Aung San Suu Kyi, figure emblématique de la libération de la Birmanie, prix Nobel de la paix en 1991, a également été arrêtée. L’armée a aussitôt proclamé l’état d’urgence pour une période d’un an.

Un élément déclencheur ?

Au mois de novembre 2020, les élections législatives ont largement été remportées par la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d’Aung San Suu Kyi au pouvoir depuis les élections de 2015. Or les militaires contestent cette élection. Depuis plusieurs semaines, ils dénoncent des millions de cas de fraudes. L’armée affirme avoir jugé ce putsch nécessaire pour préserver la « stabilité » de l’Etat et promet de nouvelles élections « libres et équitables », une fois que l’état d’urgence d’un an sera levé.

Et dans le passé ?

Ce n’est que depuis 1947 que la Birmanie est indépendante. Mais pendant près de cinquante ans, elle était dirigée par une dictature militaire de 1962 à 2011. Ce sont les militaires au pouvoir qui sont à l’origine de la récente « transition démocratique » en promulguant une constitution en 2008. Néanmoins, comme le souligne David Camroux, spécialiste de l’Asie du Sud-Est et chercheur honoraire au Centre de recherches internationales de Sciences Po, interrogé par Franceinfo : « cette constitution est faite pour que les militaires gardent presque tous les pouvoirs : ils ont 25% des sièges au Parlement avec un pouvoir de blocage, conservent le ministère de l’Intérieur et de la Défense et sont libres de gérer comme ils le veulent la question des minorités. »

Aujourd’hui ?

La foule ne décolère pas et la mobilisation reste forte. Des manifestations massives ont eu lieu, lundi 8 février, pour la troisième journée consécutive. D’après diverses sources d’information, plusieurs dizaines de milliers de personnes étaient rassemblées à Rangoun, la capitale économique.