Cet afflux pose aux gouvernements et aux instances de l’Europe des problèmes extrêmement compliqués auxquels il est impossible de trouver, dans l’urgence, des solutions simples et satisfaisantes. Les idées simples qui s’opposent (en gros « Les refouler tous » et « Les accueillir tous ») naissent de réactions viscérales qui doivent être dépassées par la raison. Mais faute de dominer les problèmes, je vais me contenter d’idées simples, et d’abord celle-ci : On ne fait pas forcément de la bonne politique avec de bons sentiments, mais on en fait forcément de la mauvaise avec de mauvais sentiments.
Deuxième idée simple : Ce sont des êtres humains et il y a urgence. Quand des gens se noient par milliers, meurent étouffés dans des camions, s’empilent dans des campements insuffisants ou sur des quais de gare, la première urgence est d’organiser un accueil digne de ce nom. Ensuite on peut traiter les autres problèmes, par ordre de priorité.
Troisième idée simple : Ce qui leur arrive peut nous arriver, ou nous est arrivé, ou est arrivé à nos ancêtres. Depuis la préhistoire, des populations fuient devant la guerre, l’oppression ou la misère. Notre peuple s’est constitué comme cela. Les Européens ont peuplé le « nouveau monde » pour les mêmes raisons (mais on comprend que le souvenir de ce qu’ils ont fait aux peuples qu’ils y ont trouvés donne des craintes quand il s’agit d’accueillir). Au vingtième siècle, Arméniens, Italiens, Espagnols, Polonais et d’autres sont venus en France pour les mêmes raisons. Parlerons-nous des Huguenots qui ont fui la France ? Ou même du million de « Pieds noirs » fuyant l’Algérie en 1962 ? Et l’exode rural qui a vidé nos cantons est-il sans rapport avec cela ? […]