Quand, il y a plus de quarante ans, j’ai pour la première fois mis les pieds en Amérique du Nord, j’ai été submergé par l’impression d’un espace illimité et d’une nature inépuisable. Aux États-Unis et au Canada, je découvrais concrètement l’immensité de la terre ; en comparaison, la France et l’Europe me paraissaient bien étriquées.
Il arrive que l’immensité de l’horizon rende myope ou déforme la vision. Mes interlocuteurs américains confondaient allègrement la France, l’Italie et l’Espagne (il est vrai que j’en faisais autant pour l’Indiana, l’Illinois et l’Iowa). La démesure, à mes yeux d’européens, des fleuves, des plaines, des montagnes, des forêts m’incitait à penser qu’on exagérait beaucoup les risques de pollution et d’épuisement des sols dont on parlait déjà ; bien sûr, j’avais tort et quelques années plus tard les ravages de pluies acides dans […]