L’Etage, association d’accueil strasbourgeoise, « prendra en charge d’ici décembre 320 personnes issues de la migration, leur apportant hébergement dans des structures adaptées », dit Jean-Michel Hitter, son secrétaire général. Mais il précise : « seule une minorité est originaire du Moyen Orient. » Il situe son travail dans une dynamique qui regroupe plusieurs acteurs de l’accueil des migrants : ainsi le Centre Social Protestant, ou la Cimade. Ces œuvres diaconales s’appuient sur un réseau de bénévoles et de professionnels. Le responsable de l’Etage ne manque pas de rappeler qu’elles recherchent aussi des bénévoles pour des tâches très basiques et du travail physique : transporter de la nourriture, par exemple ! Ce travail qui se fait en coopération avec les pouvoirs publics. La presse a relayé l’histoire de cette famille yézidie accueillie grâce à ce dispositif, famille profondément traumatisée physiquement et psychiquement : filles violentées dans les camps de Daech, garçon blessé par balle…et complètement perdue dans une ville occidentale, pour laquelle des efforts particuliers ont dû être déployés !
La Fédération de l’Entraide Protestante, dès octobre 2014 et avant la médiatisation bruyante du problème des réfugiés orientaux avait lancé en France un appel pour l’accueil des personnes fuyant l’Irak et la Syrie. Et cet accueil a commencé au printemps 2015 avec l’implication de paroisses et de particuliers. La direction de l’UEPAL a soutenu ce travail par la mise à disposition d’un secrétariat et d’une adresse mail permettant de centraliser les propositions. Sa secrétaire générale pour le Grand Est, Damaris Hege, se dit « impressionnée et émerveillée par la bonne volonté et la créativité dont font preuve les accueillants et la volonté de s’en sortir et de se prendre en main des personnes et des familles accueillies. »Aujourd’hui, 7 lieux fonctionnent et 25 personnes sont reçues, d’autres lieux sont prêts à prendre le relais. Là, on offre des cours de français, ailleurs, une paroisse s’organise pour mettre un appartement à disposition. Localement, les gens de bonne volonté s’unissent et collaborent ! Et ainsi, les réfugiés ne restent pas entre eux, mais se trouvent intégrés dans un réseau. La plupart voudrait travailler, certains ont le droit de le faire très rapidement, mais cela se heurte au problème de la langue, car rares sont ceux qui ont des connaissances en français. En attendant que les premiers papiers soient en règle, les accueillants et ceux qui les soutiennent doivent prévoir un pécule pour les besoins quotidiens, basé sur ce qu’ils toucheront lorsqu’ils seront au bénéfice du RSA : ainsi, il n’y a pas de dette symbolique à l’égard de ceux qui les reçoivent.
L’accueil de réfugiés permet de prendre conscience de ce que signifie vivre dans un contexte de guerre ! Ainsi, une brave personne pensait faire plaisir à son hôte en l’emmenant voir les feux d’artifice du 14 juillet, et s’est rendu compte un peu tard à quel point les explosions évoquaient des explosions bien plus meurtrières pour qui venait de Syrie. Grâce au réseau en place, les personnes bénévoles peuvent s’appuyer sur un réseau de professionnels compétents. Car il y a toujours un risque dans une telle aventure, on ne sait pas qui vient, et il n’est jamais évident de vivre ensemble. Damaris conclut notre entretien : » accueillir des réfugiés, c’est aussi un acte de foi ! »
Que faire pour aider ?
Que peuvent apporter les paroisses et les particuliers ? Contacter par mail l’Entraide Protestante Grand Est : refugies@uepal.fr