Les historiens de demain discuteront bien sûr des causes de ces événements et chercheront dans les années écoulées les prémisses des heures que nous traversons. Sans doute pointeront-ils également, et à raison, les responsabilités des Occidentaux dans le déclenchement de cette guerre dont la culpabilité incombe pourtant au seul président de la Fédération de Russie. Mais par-delà l’évaluation historique des événements que nous vivons (et que je laisse volontiers aux chercheurs de demain), il est un fait qui mérite attention : depuis le déclenchement des hostilités, les marques de soutien à l’Ukraine et à son peuple ne diminuent pas au sein de la population européenne. Or je veux croire que ce qui est en train de se passer là n’est pas qu’une simple réaction épidermique aux horreurs qui adviennent sous nos yeux.
Depuis plusieurs décennies, nous nous étions habitués à la démocratie et nous nous faisions surtout au fait que la liberté que cette dernière était censée nous garantir soit peu ou prou réduite en raison de motifs sanitaires, sécuritaires voire même identitaires. Nous nous étions habitués à entendre de la part de commentateurs plus ou moins bien inspirés que les régimes autoritaires qui fleurissent de par le monde et jusqu’au cœur de l’Europe constituaient au fond des formes de gouvernement plus efficaces que nos vieilles démocraties libérales essoufflées. La dépression morale et civique qui nous étreignait depuis plusieurs décennies nous laissait en quelque sorte sans horizon d’espérance. Mais voilà que, soudainement placés devant le […]