Il s’agissait d’une cible très vulnérable. Au sein de l’aéroport de Kaboul se trouvaient des milliers de soldats américains et alliés et de nombreux Afghans cherchant à quitter leur pays en urgence face aux talibans. Le jeudi 19 août, à la tombée du jour, les portes de l’aéroport de Kaboul ont été victimes d’une double attaque suicide revendiquée par l’Etat islamique au Khorasan.
La branche afghane de l’État islamique est née peu après la proclamation d’un califat en Irak et en Syrie en 2014. A cette époque, d’anciens membres du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP, les talibans pakistanais) proclament leur allégeance au chef du groupe, Abou Bakr al-Baghdadi et sont ensuite rejoints par des Afghans déçus par les talibans. Début 2015, l’EI reconnaît officiellement la création de sa province (wilaya) du Khorasan. Le Khorasan tel est l’ancien nom donné à une région qui recouvrait des parties de l’Afghanistan, du Pakistan, de l’Iran et de l’Asie centrale actuels. C’est dans la province orientale de Nangarhar, son principal bastion, et sa voisine de Kunar que le mouvement s’est s’implanté durablement. Ailleurs, il se heurtera aux talibans. Selon un rapport du Conseil de sécurité de l’ONU paru en juillet 2021, ses effectifs varient d’un minimum de 500 à quelques milliers de combattants. En août 2021, The Washington Post évalue les effectifs de l’EI entre 4 000 à 5 000.
Ces dernières années, l’Etat islamique au Khorasan a revendiqué de nombreux attentats menés sur des lieux publics comme des hôpitaux ou des mosquées visant notamment des musulmans considérés comme hérétiques, en particulier les chiites de la minorité hazara.
Avec les talibans, bien qu’il s’agit de groupes sunnites radicaux, l’État islamique au Khorosan entretient des rapports conflictuels. Leur théologie et leur stratégie divergent. Par exemple, si les talibans sont nationalistes, l’État islamique a des ambitions internationales. Les deux entités sont en concurrence pour incarner le jihad. Signe de cette opposition : l’EI a qualifié les talibans d’apostats dans des communiqués, les accusant de s’être rendus complices des Américains depuis l’accord signé avec les États-Unis à Doha en 2020.