« L’Arménie a autant besoin de pain matériel que de pain spirituel ! », c’est ainsi que s’exprimait le regretté pasteur Jean-Daniel Sahagian en mars 1989, au lendemain de sa visite pastorale au chevet de l’Arménie sinistrée. Après le drame horrible du génocide de 1915 et son million et demi de martyrs par fidélité au Christ, le peuple arménien terminera le 20e siècle par le dramatique tremblement de terre de la région de Spitak au nord du pays, en 1988.
Les chiffres officiels révèlent l’ampleur de la catastrophe : entre 20 et 30000 morts, des villes et villages détruits en partie ou complètement, des habitants sinistrés et traumatisés qui ont tout perdu en quelques secondes en plein hiver. Le monde entier va se mobiliser pour secourir l’Arménie souffrante. A son retour le pasteur Sahagian mobilisa les fidèles des Églises évangéliques arméniennes de France en créant l’association Espoir pour l’Arménie (EPA) avec ce double objectif: soutien matériel et assistance spirituelle.
Des programmes ont été mis en place pour répondre aux besoins d’une population brisée. Priorité est donnée aux plus fragiles : les enfants et les personnes âgées. Parrainages d’enfants, centres aérés en été pour les enfants mais aussi pour seniors, restaurant humanitaire. D’autres programmes permettent de redonner aux familles des raisons d’espérer et de vivre décemment: restauration d’une école à Spitak et construction de son gymnase, élaboration d’un centre pédiatrique médico-dentaire, envoi de conteneurs avec des vêtements et produits de première nécessité, et parallèlement des cours de français et de culture française. Pour renforcer le lien entre les deux pays, EPA organise régulièrement des voyages de tourisme humanitaires pour découvrir le riche patrimoine culturel, historique et spirituel de l’Arménie.
Une longue histoire tourmentée
Mais les malheurs de l’Arménie ne s’arrêtent pas là. Après 70 ans de joug soviétique, le pays devenu indépendant en 1991 suscite la jalousie de ses voisins. Son existence même est en grand danger. A l’automne 2020, la guerre au Haut-Karabagh entraîna des conséquences désastreuses avec 5000 jeunes morts dans les tranchées et les trois quarts de cette terre conquise par les Azéris, un territoire arménien depuis plus de 20 siècles avec des milliers d’églises, de monastères et de croix de pierre. Puis, en 2023, les 120000 arméniens du Haut-Karabagh ont été chassés de leur terre comme des chiens, laissant derrière eux leur foyer et tous leurs biens pour se réfugier en Arménie.
Le peuple arménien se retrouve une fois de plus tout seul, avec d’immenses besoins. Les grandes nations l’ont abandonné. EPA a mis en place des programmes d’assistance pourvoyant aux besoins de première nécessité des déplacés : logement, recherche d’emploi, scolarisation des enfants. Tout au long de sa longue histoire tourmentée c’est dans leur foi au Christ vivant que les Arméniens ont trouvé la force de résister, de se relever et de reconstruire. Nous comptons une fois de plus sur vos prières et sur la fidèle solidarité de l’ACO qui a toujours su nous manifester son amour en action.
Gilbert Léonian, pasteur et membre fondateur d’EPA, ancien président