Ce tout récent livre de Gérard Siegwalt part d’un double constat : celui de l’oubli de Dieu qui caractérise notre modernité ; celui de l’échec de la modernité que manifestent entre autres les catastrophes écologiques et climatiques. Des discours pieux en déduisent une condamnation de la modernité sans percevoir ce qu’il y a de juste dans son rejet d’une religion aliénante, et préconisent la restauration inefficace et impraticable d’une religion qui a échoué. En évitant ces simplismes, G. Siegwalt s’interroge sur les chemins à prendre.

L’oubli de Dieu naît de la réaction excessive, mais compréhensible, d’une raison que la religion a asservie. Il tient aussi à une religion qui a enfermé Dieu dans des dogmes et des rites. D’un côté, Dieu se retire et se libère d’un système religieux qui prétend sinon le posséder du moins le maîtriser. De l’autre côté, l’humanité se délivre du joug du « supranaturalisme » religieux et conquiert son autonomie. Ce double mouvement, positif dans son principe, a eu pratiquement des conséquences négatives : la marginalisation et la sclérose de la relation vivante avec Dieu ; les impasses et les échecs d’une modernité sans transcendance.

Toutefois, les relations ne sont pas rompues. Dans son retrait, Dieu reste présent comme offre, tandis que l’humanité autonome pousse un […]