Elle suscitait le débat dans les établissements scolaires et elle sera désormais interdite dès la rentrée 2023. L’abaya, ce vêtement assimilé à l’islam, a été proscrite dans les écoles publiques par le ministère de l’Éducation nationale. Gabriel Attal, le ministre fraîchement désigné par Emmanuel Macron cet été, l’a annoncé sur TF1 dimanche 27 août.
Il dit vouloir donner des consignes claires au niveau national aux chefs d’établissement scolaire. Après le mandat de Pap N’Diaye, qui a été jugé trop effacé derrière Emmanuel Macron, son successeur Gabriel Attal cherche ainsi à affirmer son autorité politique.
Le sujet de l’abaya fait aussi polémique depuis plusieurs mois. Les chefs d’établissement ont alerté sur des « atteintes à la laïcité » de plus en plus nombreuses dans les collèges et lycées. Certains élèves, contournant l’interdiction de signes religieux ostensibles, sont allés régulièrement en cours en abayas ou en qamis l’année dernière. Face à cette problématique, Pap Ndiaye avait, dans un premier temps, laissé aux directeurs le soin de trancher dans chaque établissement.
Un vêtement traditionnel
Mais qu’est-ce que l’abaya et peut-on parler d’un signe religieux ? Selon sa définition, il s’agit d’un long vêtement féminin qui couvre l’ensemble du corps à l’exception du visage et des mains. Le Huffington Post explique que le port de ce vêtement a déjà fait l’objet d’une circulaire en novembre 2022, même si elle n’avait pas valeur d’obligation.
Le texte considérait les abayas comme des tenues pouvant être interdites. Il visait aussi certaines jupes longues assimilables aux abayas et certains bandanas substitués au voile. La raison ? Ces tenues peuvent être « portées de manière à manifester ostensiblement une appartenance religieuse », dit le texte.
Le Conseil français du culte musulman ne considère cependant pas l’abaya comme un signe religieux musulman. Selon lui, dans la tradition musulmane, aucun vêtement n’est en soi un signe religieux. En France, selon la loi de 2004, les écoles publiques refusent pourtant l’entrée aux élèves qui portent des signes « ostensibles » d’appartenance religieuse, comme le voile islamique.
Une ambivalence qui fait débat
Le port de l’abaya est cependant plus ambivalent que celui du voile, poursuit le Huffington Post. En effet, il n’est pas évident de différencier l’abaya de vêtements non-religieux, car certains vêtements longs ne sont pas problématiques alors que d’autres peuvent l’être.
De plus, dans les pays musulmans ce vêtement relève davantage de la tradition que de la pratique religieuse. Il est principalement porté en Arabie saoudite et dans les pays du golfe Persique, et semble donc surtout indiquer une appartenance culturelle.
Mais son ambiguïté fait débat. Radio France cite ainsi Iannis Roder, membre du Conseil des sages de la laïcité, pour qui « cette tenue n’a rien à faire à l’école », car « son port conduit à se faire immédiatement reconnaître par son appartenance religieuse ». Signe islamique ou pas, l’abaya sera interdite dans les cours dès le 4 septembre, jour de la rentrée scolaire.