Selon le projet de loi présenté mardi 10 janvier par la première ministre, Elisabeth Borne, l’âge légal atteindra 64 ans en 2030, contre 62 ans aujourd’hui. Ces deux années supplémentaires sont au cœur de protestations. «Deux ans de plus à travailler, cela pèse sur l’espérance de vie en bonne santé» a déclaré François Hommeril, président confédéral de la CFE-CGC au journal L’Humanité.
L’espérance de vie en bonne santé fait partie des grands arguments contre. Mais quel est cet indicateur ? Est-il fiable ?
« L’espérance de vie sans incapacité, aussi appelée espérance de vie en bonne santé, évalue, à la naissance, le nombre d’années qu’une personne peut compter vivre sans souffrir d’incapacité dans les gestes de la vie quotidienne, compte tenu des conditions sanitaires du moment », rappelle la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Dress).
Quant à l’espérance de vie à la naissance (ou à l’âge 0), elle représente la durée de vie moyenne – autrement dit l’âge moyen au décès.
L’espérance de vie en bonne santé est un indicateur de santé publique récent car il a été mis en place au milieu des années 2000.
D’après les données de l’Insee qui sont basées sur les calculs d’Eurostat, en France, l’âge de l’espérance de vie en bonne santé atteint 64,4 ans chez les hommes et 65,9 ans chez les femmes. Il est important de souligner que les chiffres de l’espérance de vie en bonne santé sont des moyennes. En effet, ces âges théoriques varient en fonction du niveau social. Autrement dit, les personnes issues de milieux défavorisés vivent moins longtemps en bonne santé. On reproche donc à la réforme des retraites de pénaliser les populations les plus pauvres qui ont de fortes chances de souffrir de problèmes de santé dès leur départ à la retraite.
Par ailleurs, la Drees montre que l’espérance de vie en bonne santé en France est supérieure à la moyenne européenne et qu’elle est en augmentation depuis 2008. Par exemple, l’espérance de vie en bonne santé atteint 73,8 ans pour les hommes et 72,7 ans pour les femmes en Suède.
Cependant, l’espérance de vie en bonne santé est un indicateur qui doit être utilisé avec précaution : contrairement à l’espérance de vie, qui se fonde sur des statistiques officielles, l’espérance de vie en bonne santé est calculée à partir de sondages. C’est la question suivante qui est posée dans le cadre d’une enquête déclarative : « dans quelle mesure avez-vous été limité depuis au moins six mois, à cause d’un problème de santé, dans les activités que font les gens habituellement ? ». La subjectivité est donc présente.
Les principaux syndicats de salariés ont fixé au 19 janvier la première journée de mobilisation contre le projet de réforme des retraites.