C’est un documentaire qui fera date. Dix jours avant la commémoration des dix ans des attentats de Paris et Saint-Denis, France 2 diffuse 13 novembre, nos vies en éclats, réalisé par Valérie Manns. Sa force tient d’abord à sa matière : le spectateur n’assiste pas à des entretiens tournés pour les besoins du film, mais à ceux enregistrés dans le cadre du programme scientifique 13-Novembre, vaste projet de recherche consacré à la construction et à l’évolution de la mémoire après un traumatisme collectif. Ce programme explore notamment l’articulation entre mémoire individuelle et mémoire collective, ainsi que les mécanismes du trouble de stress post-traumatique (TSPT). Au sein de l’Étude 1000, des médiateurs, enquêteurs et chercheurs ont recueilli les témoignages de mille volontaires lors de trois campagnes d’entretiens filmés — en 2016, 2018 et 2021 —, une dernière étant prévue en 2026.
Des voix multiples et sensibles
Près de 4 500 heures d’enregistrements ont ainsi été réalisées : des récits de rescapés, de proches endeuillés, de témoins, d’habitants des quartiers touchés, mais aussi de membres des forces de l’ordre, de soignants et de personnes qui, bien que loin des lieux des attaques, ont été durablement marquées par ces événements. Ce sont leurs voix, multiples et sensibles, que fait entendre le documentaire — et qui lui confèrent sa profonde humanité.
Montés de façon chronologique, ces témoignages nous replongent, avec une précision bouleversante, dans les attentats : de la première attaque à Saint-Denis, près du Stade de France, pendant le match France-Allemagne, aux fusillades qui ont ensanglanté les terrasses des 10ᵉ et 11ᵉ arrondissements, puis le Bataclan, l’arrivée des secours, l’identification des corps, jusqu’aux temps du recueillement et de la commémoration.
Un geste fort et nécessaire
Dix ans après, rappeler ce qui s’est passé cette nuit-là, alors que les souvenirs s’effacent, est un geste fort et nécessaire pour la mémoire collective. Ce que fait également ressortir le […]
